DPJ : une légère baisse de signalements «encourageante»

Michel Hersir
DPJ : une légère baisse de signalements «encourageante»
La DPJ de la Montérégie a traité 20 626 signalements d’avril 2023 à mars 2024. (Photo : Archives)

Marie-Josée Audette demeure prudente lorsqu’on lui demande de commenter la baisse de signalements reçus à la DPJ de la Montérégie lors du bilan 2023-2024. «Je considère que c’est une très petite baisse», nuance la directrice de l’organisation, soulignant néanmoins que le tout est encourageant après quelques années de hausse.

La DPJ de la Montérégie a traité 20 626 signalements d’avril 2023 à mars 2024, une diminution de 194 par rapport à la période précédente. De ceux-ci, elle en a retenu 5 678, une baisse de 127 comparativement à l’exercice 2022-2023.

«C’est encourageant parce que pendant cinq ans, on a augmenté de façon importante le nombre de signalements», explique Mme Audette. Celle-ci estime cependant que ce chiffre demeure «énorme».

Pour plusieurs autres données, tels le taux de rétention des signalements (27,53%), la provenance des signalements (31,7% par des employés d’organismes publics), ainsi que le pourcentage des enfants pris à charge qui demeure dans le milieu familial (42,3%) ou avec un proche (16,25%), les chiffres ressemblent à ceux de l’année dernière.

Là où il y a une différence importante, c’est chez les adolescents contrevenants qui ont reçu des services en vertu de la loi sur la protection de la jeunesse. Ils étaient 1504 l’an dernier. Cette année, ce chiffre a grimpé à 1 744.

«Nous sommes revenus à des taux prépandémie. […] Sans nous inquiéter, c’est sûr qu’on va exercer une vigilance pour s’assurer qu’on n’est pas dans une pente ascendante au niveau de la délinquance», informe la directrice, évoquant certains crimes en hausse, dont les vols d’auto.

La main-d’œuvre, encore un problème
Les problèmes de main-d’œuvre dans l’organisation, évoqués lors de la présentation des deux bilans précédents, sont encore bien présents.

Selon Marie-Josée Audette, le problème s’est même accentué «malgré tous les efforts et stratégies mises en place». Conséquence directe de cet enjeu : des listes d’attente plus longue pour les cas moins urgents. «C’est contre notre désir, parce qu’on sait que les enfants, plus on intervient tôt, moins grands seront les impacts.»

«C’est sûr que les enfants qui requièrent des services urgents, ils vont toujours être traités», assure-t-elle cependant.
Comment contrer cette tendance? «On réfère souvent la protection de la jeunesse aux soins intensifs. Alors, il faut lui donner tous les moyens pour jouer son rôle», croit Mme Audette.

Violence conjugale
Le thème du bilan 2023-2024 portait sur les enfants exposés à la violence conjugale. Un enjeu d’actualité alors qu’un changement législatif, effectif depuis le 26 avril 2023, permet d’effectuer un signalement ou une intervention pour motif d’exposition à de la violence conjugale.

Ainsi, pour la première fois en 2023-2024, les données concernant ces signalements étaient compilées. En Montérégie, ils comptaient pour 12,1 % de tous les signalements reçus, soit 2 505.

Aider les hommes

Alors que la violence conjugale était au cœur du bilan 2023-2024 de la DPJ, Marie-Josée Audette a rappelé que la majorité de ceux qui font de la violence conjugale sont des hommes.

Mario Trépanier, coordonnateur à l’organisme Via l’Anse, qui travaille avec des hommes violents, a expliqué comment cette réalité peut affecter les enfants.

«Il y a souvent une minimisation des conséquences. Je saute une coche, je crie, je hurle. Après j’ai l’impression d’avoir la paix, que tout est réglé. […] Je ne fais pas le lien après ça, quand mon enfant à des troubles de comportement, de sommeil, des problèmes de santé physique ou psychologique. Alors il faut les aider à prendre conscience de leur violence», donne-t-il en exemple.

Ce dernier travaille depuis près de 30 ans avec des hommes violents. Il a pu voir une évolution importante en la matière.

«Quand on a commencé à mesurer ça, en 1999, on était à 8%, 9% des couples [qui vivaient de la violence conjugale]. Aujourd’hui on est à 3%, 4%, avec les maisons d’hébergement, les organismes, les ressources», indique M. Trépanier, soulignant par ailleurs que la société est beaucoup moins tolérante qu’autrefois face à la violence conjugale.

Partager cet article