Grâce au hockey adapté, des jeunes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme peuvent pratiquer le sport le plus populaire au pays. C’est le cas d’Alexandre, un adolescent bouchervillois qui chausse les patins chaque fin de semaine pour s’amuser avec ses coéquipiers.
C’est un peu par hasard, en visitant le Salon de l’autisme de Laval il y a quelques années, que Martine Bourret a entendu pour la première fois parler du hockey adapté. À l’époque, l’initiative d’un papa et d’une maman de Saint-Jean-sur-Richelieu en était à ses balbutiements et la poignée de joueurs s’alignaient tous avec l’unique équipe au Québec. Pour la mère d’Alexandre, malgré la distance à parcourir chaque semaine, l’opportunité était trop belle pour l’ignorer.
« Alexandre avait deux ans et demi quand nous avons reçu le diagnostic, raconte la mère de l’adolescent qui s’aligne aujourd’hui avec le Blitz de Varennes. La psychologue avait beaucoup baissé nos attentes en soulignant comment ça allait être difficile. J’ai trouvé ça dur d’entendre qu’il n’aurait pas beaucoup d’amis, qu’il ne pourrait peut-être pas travailler… On nous disait qu’il pourrait faire de la natation, au mieux, du tennis. Jamais nous n’aurions pu penser qu’il allait faire partie d’une équipe. »
Cinq années plus tard, ils sont environ 80 jeunes joueurs âgés de 6 à 17 qui s’alignent avec l’une des équipes basées à Saint-Jean, Varennes, Chambly, Sainte-Julie, Québec et Lac-Saint-Louis.
Vaincre le doute
Comme n’importe quel jeune, Alexandre a dû faire face à ses défis durant son enfance. Ce qui ne l’a pas empêché de se lancer tête première dans de nouvelles expériences malgré les doutes qui auraient pu le ralentir.
« Quand son père a aménagé une patinoire sur le fleuve, devant la maison, nous l’avons poussé à essayer de patiner, se souvient Martine. Au départ, il ne voulait pas. Il nous disait qu’il ne serait pas capable. Et pourtant, à la fin de sa première séance sur la glace, il patinait déjà à reculons! »
Patiner, c’est d’ailleurs ce qui a poussé le garçon à s’intéresser au hockey, lui qui n’avait pourtant pas, au départ, d’affiche de Carey Price sur les murs de sa chambre ni un goût marqué pour ce sport en général.
« Aujourd’hui, patiner, c’est sa force et c’est ce qui lui plait le plus dans le hockey. Il aime tellement ça que ça lui arrive parfois d’oublier qu’il y a une partie qui est en train de se jouer! »
Se remémorant la réticence initiale de son garçon, Mme Bourret se permet aujourd’hui de lui rappeler ce moment quand Alexandre doute de ses capacités avant de se lancer dans une nouvelle expérience.
Le moment de vérité
C’est d’ailleurs grâce au sport que Martine et son conjoint Marc ont pu aborder la question de l’autisme une première fois avec Alexandre. Un moment charnière survenu lors de la diffusion d’un reportage sur le hockey adapté à la télé.
« Ça faisait un bout de temps que je sentais qu’il allait l’apprendre par la bande, poursuit la maman. Il était très heureux et il ne se plaignait de rien, mais il commençait à comprendre de plus en plus de choses. Dans le fond, je savais les mots que j’allais prononcer, que ce serait positif, mais j’ai retardé le moment parce que j’avais peur de ma réaction, de mon non verbal. Je ne voulais pas lui dire que c’est merveilleux qu’il soit comme il est et me mette à pleurer parce que je suis émue. » Malgré l’appréhension, le moment choisi pour avoir cette délicate discussion n’aurait pu être meilleur.
« Ç’a vraiment passé comme du beurre dans la poêle, raconte Mme Bourret. C’est comme si je venais de lui dire qu’il avait un grain de beauté dans le dos. (rires). Il m’a dit : « OK maman, j’ai compris » et il a continué son petit bonhomme de chemin! »
Parole de sportif
Les effets positifs de l’implication d’Alexandre auprès de sa formation sont nombreux, non seulement pour socialiser, mais aussi pour canaliser les énergies du garçon qui a également un trouble du déficit de l’attention sans hyperactivité.
« Il était même hypo-actif lorsqu’il était plus jeune. Il jouait avec ses voitures, couché sur le sol alors on lui demandait de s’asseoir. C’est certain que le hockey a beaucoup aidé à le renforcer, à avoir plus d’énergie. Aujourd’hui, il va même à la salle de musculation, alors au niveau de son identité, il se considère maintenant comme un sportif! »
Si Alexandre récolte les bénéfices du sport, ses parents profitent aussi de leur implication. « On se dit souvent que ceux qui n’ont pas d’enfant autiste ne peuvent pas comprendre, admet Martine Bourret. On a toujours un peu peur que notre enfant soit jugé parce qu’il a dit quelque chose ou posé un geste déplacé. Quand nous nous retrouvons pour le hockey adapté, nous savons que les autres parents ne vont pas nous critiquer. L’aréna, c’est un endroit où on ne se sent pas stressé ou aux aguets. »