Si certains croient encore de nos jours que les jeunes sont continuellement centrés sur leur nombril et peu empathiques, une enseignante de l’école secondaire du Grand-Coteau s’est fait un plaisir de leur prouver le contraire, à sa façon.
Après avoir lu un texte du chroniqueur Patrick Lagacé publié dans La Presse à propos de la réalité de ceux qui évoluent actuellement dans le milieu hospitalier, Marie-Josée Larouche a en effet eu l’idée de demander à ses étudiants d’écrire une lettre adressée à ceux qui combattent la pandémie au quotidien, et ce, qu’ils soient infirmières, médecins… ou concierge.
« Dans son reportage, Patrick Lagacé a mis des citations de gens qui lui ont écrit et qui pratiquent toutes sortes de métiers dans le domaine de la santé. Ils expliquaient comment les choses se passaient pour eux dans leur réalité actuelle. J’ai lu ça un samedi matin comme toute bonne enseignante qui lisait son journal en buvant son café. Mais c’est le lundi en me levant à 5 h du matin que j’ai eu le flash. J’ai alors pondu un petit document vite fait que j’ai présenté plus tard à mes étudiants. »
L’art d’écrire une lettre
Évidemment, l’idée d’écrire une lettre peut sembler novatrice pour des jeunes du secondaire qui ont grandi à l’ère du SMS et du clavardage. Mais plutôt que de les rebuter, il semble que le projet proposé par leur enseignante ait piqué leur curiosité.
Devant cet enthousiasme inattendu de ses protégés, l’enseignante a d’ailleurs décidé de pousser l’expérience un peu plus loin et l’exercice qui devait durer durant deux périodes s’est finalement étiré sur cinq périodes.
« Pour eux, une lettre, c’est un peu comme un pigeon voyageur, s’amuse l’enseignante. Je leur ai expliqué comment on écrivait une lettre jadis, il n’y a pas si longtemps. Éventuellement, ils vont devoir écrire eux-mêmes des lettres d’intentions quand ils vont postuler pour un emploi. Alors, ça nous a permis de travailler la structure. »
Les membres des trois groupes qui en sont à leur première année au secondaire ont par ailleurs eu à pousser leur réflexion un peu plus loin. Ce qui a permis à certains de considérer pour la première fois tout le personnel qui est nécessaire afin qu’un établissement de santé fonctionne rondement, en particulier durant une pandémie.
« Je leur ai demandé qui sont les gens qu’on peut retrouver dans un hôpital outre les infirmières et la personne qui nous accueille à l’arrivée. Ils ont fait des recherches et ils m’ont sorti plein de choses. On a parlé du fait que le rôle du concierge pouvait être tout aussi important que celui de l’administrateur. Et j’ai vu leurs yeux s’allumer. Il y a eu des déclics. L’exercice a rendu la chose très concrète pour eux. »
Des missives inspirées
Les lettres écrites par les élèves des trois groupes de 24 étudiants de l’enseignante ont par la suite été distribuées au personnel de trois établissements de santé, soit le CHUM, l’Hôpital Pierre-Boucher ainsi que l’hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe.
« Ils étaient vraiment inspirés, nous révèle Mme Larouche. Et semble-t-il que ceux qui ont reçu les lettres ont été hyper touchés. Ce qui est beaucoup ressorti, c’est qu’ils ont constaté à quel point les jeunes sont conscients de la situation et de la réalité dans les hôpitaux. Ils se sont sentis « enveloppés » si je peux dire par leur démarche, par leurs mots. Certains ont dit que ça leur avait donné du courage. Quand j’ai dit ça à mes groupes, ils étaient vraiment fiers. Ils ont travaillé tellement fort! »