Ce soir à 19h, le groupe La Vigie Citoyenne Port de Contrecœur vous convie à une assemblée citoyenne virtuelle présentée via la plateforme de communication Zoom.
Au programme, une discussion portant sur l’importance de la biodiversité ainsi que sur les impacts environnementaux du projet d’agrandissement du terminal à conteneurs de l’Administration Portuaire de Montréal à Contrecœur.
Parmi les panélistes invités, Pierre-Henry Fontaine, spécialiste des mammifères marins, conférencier et consultant dans plusieurs musées nord-américains et européens, propriétaire du Musée du squelette de l’Île-Verte et ancien professeur de biologie.
À ses côtés, la députée de Québec Solidaire Ruba Ghazal ainsi que la biologiste contrecœuroise Laurie-Anne Dansereau.
Au terme de la rencontre virtuelle, les participantes et participants auront la possibilité d’échanger avec les panélistes et de leur adresser leurs questions.
Afin de participer à la discussion, vous devez d’abord vous inscrire en suivant ce lien Zoom.
5 questions à la biologiste Laurie-Anne Dansereau:
1- Lors de la rencontre, vous allez aborder l’importance de la biodiversité dans le fleuve et l’impact du projet d’agrandissement du terminal de Contrecœur par l’APM. Quelles sont vos plus grandes inquiétudes face à ce projet?
L’augmentation importante du trafic lié aux 1200 camions lourds de plus chaque jour sur la Montée Lapierre, les 3 à 4 trains de plus par semaine bloquant la route 132 de 6 à 9 minutes à chaque passage, sans parler des 275 porte-conteneurs de plus par année qui sillonneront le fleuve, accentuant par le fait même l’érosion des îles et la perte de biodiversité. D’ailleurs, aucune étude probante n’a permis de démontrer une compensation d’herbiers aquatiques selon les experts. Ainsi, nous pouvons penser que la réalisation du projet contribuera fort probablement à la disparition du chevalier cuivré.
De plus, l’évaluation ne tient pas compte des émissions de GES générées par ce projet en dehors du site d’exploitation alors que nous sommes en pleine crise climatique et que nous devrions pourtant redoubler d’effort pour diminuer notre empreinte écologique. Ça ne fait aucun sens.
2- La protection du chevalier cuivré est demeuré ces dernières années un enjeu important dans ce dossier. Croyez-vous qu’il y a eu un manque de transparence à propos des effets réels du projet d’agrandissement de l’APM à Contrecoeur?
Les experts ont concocté certaines mesures d’atténuation à la demande du promoteur. Plusieurs mesures ne sont encore que des intentions de faire quelque chose ou sont à définir. De plus, nulle part dans le rapport il est mention d’un organisme, idéalement indépendant, qui surveillera l’application de ces mesures d’atténuation. Aucun expert ne s’est prononcé sur les effets cumulatifs ou n’a donné son avis dans une perspective finale des 3 phases.
3- La population ne s’est pas mobilisée de manière aussi importante que dans le cas du projet GNL Québec ou du terminal Laurentia. Les gens qui émettaient des réserves ont même été traités avec une certaine hostilité sur les réseaux sociaux. Comment expliquez-vous cela?
Le fait que ce projet soit dans les cartons depuis des décennies a tout d’abord contribué à l’acceptabilité sociale. La population ne se questionne plus à savoir si le projet va être réalisé ou pas, mais se demande seulement à quel moment il sera mis en œuvre. Les citoyens démontrant des réserves d’un point de vue environnemental sont rapidement pointés du doigt comme étant des opposants au progrès alors que le promoteur fait miroiter un millier d’emplois payants. Parallèlement, il y a l’argument que les valeurs des propriétés vont augmenter aux bénéfices des propriétaires. C’est à notre avis un argument discutable à l’effet tunnel qui empêche de réfléchir aux conséquences. Il faut mettre énormément de temps et d’énergie pour feuilleter à la loupe les dizaines de milliers de pages des rapports. Il faut être initié pour bien saisir l’importance de la biodiversité et d’une espèce unique au monde à protéger. Il faut additionner et multiplier nous même pour obtenir les chiffres gigantesques en lien avec l’impact des différentes formes de transport. Il faut connaître un peu la chimie pour évaluer la toxicité de certains sédiments. Malheureusement, peu de citoyens se questionnent sur les détails des différents rapports et aucun expert n’a effectué ce travail de vulgarisation pour eux.
4- Les élus de la région sont demeurés derrière l’APM durant les démarches d’évaluation environnementale du projet. Avez-vous l’impression que les représentants de la région auraient dû être plus neutres dans ce dossier?
Trop de politiciens pensent d’abord à leur égo et à se faire réélire. Toutes possibilités de s’associer à un projet économique porteur d’emplois et de richesses est très attirant pour eux. Les autres dimensions de la vie communautaire sont souvent accessoires ou valorisés seulement en apparence, comme pour les enjeux environnementaux. Dans les dernières années, les nombreuses annonces effectuées par les politiciens pour vanter les mérites de ce projet, jumelées aux promesses d’investissements tant du fédéral que du provincial ont tout simplement contribué à subjuguer la population, occultant du même coût les côtés sombres du projet.
5- Le gouvernement fédéral a entrepris des démarches afin d’assurer la protection du chevalier cuivré en dispensant du même souffle l’APM de devoir s’y soumettre. Que pensez-vous de la promesse d’Ottawa d’adopter un arrêté ministériel avant la fin du printemps pour garantir la protection de l’espèce?
Le gouvernement fédéral joue sur plusieurs tableaux à la fois. Le ministre de l’environnement brouille les cartes à lui seul en donnant son accord au projet suite à l’avis favorable de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada de la main gauche et en même temps en faisant un arrêté ministériel de la main droite pour protéger le chevalier cuivré après 8 ans de retard, le tout, malgré un contexte de poursuite possible…
Le gouvernement fédéral accorde un prêt sans intérêt de 750 millions de dollars, alors que le ministère de Pêche et Océans Canada n’a même pas encore délivré le permis requis au promoteur et que ce permis ne peut être accordé si on s’en tient au principe de l’arrêté ministériel et sur la Loi sur les espèces en périls. Comment voulez-vous que M. et Mme tout le monde s’y retrouvent ?