En cette semaine du Jour de la Terre, il est bon de se rappeler que ce sont les futures générations qui vont faire face aux conséquences des décisions que nous prenons aujourd’hui. Heureusement, plusieurs jeunes leaders de demain ont, à l’instar de Laurie-Anne Dansereau, mis leurs énergies au service des causes auxquelles ils croient et tentent d’améliorer le sort de la planète en s’intéressant d’abord à ce qui se passe dans leur collectivité.
La Contrecœuroise a déjà une feuille de route bien garnie. Après avoir remporté un prix en 2012 à l’Expo-science pour son projet Que ta nourriture soit remède! dont l’objectif était de créer une barre nutritive vitaminée destinée aux populations les plus pauvres du Honduras, l’adolescente a récidivé l’année suivante en se méritant le prix Tête chercheuse de Merck Canada et une médaille d’argent lors de l’édition régionale.
Elle s’est également démarquée lors de son passage au Cégep de Sorel-Tracy où, en 2016, elle a reçu le prix du Lieutenant-gouverneur du Québec pour son implication scolaire, notamment auprès de l’initiative de commerce équitable Magasin du Monde.
Aujourd’hui, Laurie-Anne est étudiante à la maîtrise en biogéosciences de l’environnement à l’Université Laval et poursuit sur son élan.
« C’est une maîtrise multidisciplinaire qui permet d’intégrer différents domaines liés à l’environnement, explique-t-elle. Soit la biologie, la géologie, la géographie et la géomatique. Ce sont quatre domaines qui permettent de mettre concrètement en application des actions en environnement par la mise en place de projets. À l’intérieur de la maîtrise nous avons accès à différents choix de cours qui nous permettent de nous spécialiser dans un domaine afin de de pouvoir travailler au gouvernement, dans une OBNL ou encore, pour une municipalité. »
Entre la cabane à sucres et le Saint-Laurent
Laurie-Anne admet par ailleurs que le fait d’avoir grandi sur le bord de notre fleuve a certainement contribué à nourrir ses aspirations.
« Ma famille a déménagé mais nous sommes toujours près du fleuve. Mes parents ont une érablière alors j’ai comme toujours été en contact avec la Nature depuis que je suis toute jeune. Je suis tombée en amour avec l’environnement, alors ç’a été plus fort que moi. J’allais devoir avoir un métier lié à ça. Ça n’était pas un choix, c’est une passion. C’est ancré en moi de vouloir protéger cet environnement qui est de plus en plus menacé. »
C’est notamment en raison de cette passion que Laurie-Anne a fondé, en compagnie de ses parents notamment et d’autres citoyens de la région, le groupe La Vigie Citoyenne Port de Contrecœur présente depuis l’an dernier sur les réseaux sociaux afin de donner une voix à ceux qui, dans la région, partagent ses préoccupations.
En particulier à un moment où des projets comme celui de l’agrandissement du terminal à conteneurs du Port de Montréal ou encore, l’achat d’un terrain de la Colonie des grèves par Rio Tinto Fer Titane soulève de grandes questions.
Optimiste malgré tout
Mais alors que les promesses d’investissements peuvent parfois être perçu comme un cadeau venu du ciel, d’être vu comme l’oiseau de malheur qui ramène les sujets difficiles sur la table n’est pas un choix qu’il faut prendre à la légère.
« C’est sûr que je me suis fait traiter de « grano », admet la biologiste qui participait le 31 mars dernier à l’événement virtuel Le fleuve, un joyau à préserver! en compagnie du biologiste Pierre-Henry Fontaine et de la Députée de Québec Solidaire Ruba Ghazal. J’ai pu me sentir seule par moment. Je sais aujourd’hui à quel point c’est difficile pour les gens de trouver l’énergie émotionnelle, la motivation pour lire des rapports de 900 pages pour comprendre quels effets néfastes de tel projets peuvent avoir sur le milieu social ou l’environnement. C’est énergivore. Quand on te parle d’argent et d’emplois qui vont être créés, ça n’est pas le fun de se faire rappeler quels sont tous les impacts négatifs qui accompagnent tout ça. »
Malgré tout, Laurie-Anne ne perd pas son éternel optimisme et sa volonté d’apporter sa contribution, non pas pour son propre bénéfice mais celui de toute la communauté.
« Même si j’entendais parler de pollution et tout ça quand j’étais enfant, ça ne m’a pas empêché d’avoir un tempérament plus positif. Mais à l’adolescence, je suis devenue plus consciente de la gravité des enjeux. Je dois avouer que cette phase a été plus difficile, mais je n’ai jamais voulu sombrer dans la panique ou la critique. Depuis, j’ai développé un peu je dirais des mécanismes de défense. Parce que ça peut vraiment devenir troublant cette peut qui nous habite face à tous ces cris d’alarmes qui sont lancés. Ça prend beaucoup de place. »