Depuis 10 ans, Lydianne Gagné arpente les rues de Montréal pour venir en aide aux personnes sans-abri. Cette année, elle a appris que l’itinérance touche aussi, et beaucoup, Longueuil. Donner un peu de chaleur à ceux qui n’ont pas de toit; elle veut le faire avec bienveillance.
« Une collègue de travail m’a dit qu’il y avait un campement sur la rue Beauregard, dans le Vieux-Longueuil. Je m’y suis rendue pour constater qu’une dizaine de personnes dormaient dehors, faute de place dans les refuges. Ça m’interpelle toujours les gens en situation d’itinérance », confie la Bouchervilloise de 34 ans, mère d’une fillette de quatre ans.
À la mi-novembre, Lydianne Gagné a lancé un appel à la générosité dans les médias sociaux. Les Bouchervillois ont répondu en grand nombre. Depuis, elle et son conjoint se sont rendus au campement à quelques reprises pour distribuer manteaux, couvertures, tuques, mitaines, chaussettes et repas chauds. L’orthopédagogue présentement sans revenus en raison de la grève prend le temps de cuisiner pour eux, souvent à ses frais, et aussi de leur parler.
« Il y a cet homme qui a un emploi, mais qui n’a pas de logement, parce que trop cher et aussi parce que les propriétaires ne veulent pas de son chien, souligne-t-elle. Mais il y a aussi des sans-abris avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. »
À la veille de Noël, la jeune femme, avec l’aide d’amis, cuisinera pour eux un repas des fêtes.
« Pour moi, c’est important de partager. Ça fait partie des valeurs que m’ont inculquées mes parents. Ils accueillaient à la maison des gens de la rue et leur offraient un repas », se rappelle Lydianne Gagné qui a fait, plus jeune, du bénévolat à l’Accueil Bonneau et en Haïti, et qui insiste pour dire qu’elle n’est pas la seule à apporter de l’aide aux personnes en situation d’itinérance. »
« Si nous aimions les autres comme nous voudrions être aimé, les gens se porteraient mieux et leur cœur serait plus heureux et paisible. »
– Lydianne Gagné
Le campement
Le campement est situé sur un terrain appartenant à la Ville de Longueuil. Il est tout près de la Halte du coin qui offre de l’hébergement d’urgence à 35 personnes, et qui doit en refuser chaque jour, confirme le directeur général, Pierre Rousseau. La présence de plus en plus nombreuse de gens sans domicile fixe inquiète d’ailleurs les résidents du quartier.
Selon le dernier bilan du gouvernement, le nombre de sans-abris en Montérégie est en hausse de 98 % par rapport 2018. Il y a plusieurs raisons.
« Les logements sont trop chers, et le manque de chambres à louer, comme Chez Lise, est criant. Mais il y en a qui veulent rester dehors, et on doit respecter cela. On doit cependant s’assurer qu’ils ne représentent pas un danger pour eux ou pour autrui », précise M. Rousseau.
La Halte du coin est un refuge de haut seuil de tolérance. Il y en a d’autres et depuis la semaine dernière, la Ville a installé près du métro une roulotte chauffée assez grande pour recevoir une vingtaine de personnes.