Dans sa nouvelle stratégie du logement, la Ville de Longueuil a pour objectif que 20% de tous ses logements locatifs soient à but non lucratif. Une proportion quatre fois plus importante par rapport à ce que l’on retrouve actuellement.
Selon la mairesse Catherine Fournier, c’est cet objectif – en termes de proportion – qui distingue la stratégie de la Ville. Elle estime d’ailleurs que cette cible permettra de diminuer la pression à la fois sur le parc de logements sociaux que sur le marché privé.
En parallèle à cet objectif, Mme Fournier indique qu’il faudra «au minimum» 30 000 nouveaux logements sur le territoire d’ici 2041, notamment afin de suivre la courbe démographique attendue sur le territoire.
La stratégie se décline en trois axes : augmenter l’offre de logements; protéger l’abordabilité existante; et assurer l’accès à un logement de qualité. Chacun se décline à son tour en plusieurs objectifs avec des cibles de réalisation à court, moyen et long terme.
Même si elle reconnaît que de voir des effets concrets peut prendre du temps pour un domaine comme le logement, la mairesse estime ainsi que les effets de cette stratégie pourraient commencer à se faire ressentir d’ici la fin du mandat en 2025.
«On sait qu’il y a beaucoup d’actions dans la stratégie qu’on va pouvoir confirmer au cours de l’année 2024, donc déjà, ça va commencer à bousculer dans le bon sens les choses», affirme-t-elle.
Pas dépendant des autres
La stratégie présentée se veut également indépendante des autres paliers de gouvernement.
«On a voulu agir de façon différente que dans le passé, où on reposait beaucoup sur des décisions de Québec et Ottawa. On a fait le choix d’avoir une stratégie qui est ciblée dans nos compétences municipales», affirme Mme Fournier, soulignant en outre avoir même fait fi des compétences d’agglomération.
«Par contre, c’est sûr que quand on parle de constitution, par exemple, d’un fonds d’acquisition pour soutenir les OBNL qui voudraient acquérir des immeubles sur notre territoire, il y a certains mécanismes auxquels on réfléchit qui nécessiteraient des changements législatifs et on a déjà amorcé ces discussions avec Québec […]. Mais notre stratégie ne repose pas seulement là-dessus, bien au contraire», ajoute-t-elle.
Parmi les actions envisagées, la mairesse évoque la possibilité d’utiliser le droit de préemption, soit le droit d’acheter en priorité certains immeubles ou terrains afin d’y réaliser des projets au bénéfice de la communauté, pour ensuite les transférer aux OBNL d’habitation, qui eux, n’ont pas de droit de préemption.
Le milieu communautaire ravi
Plusieurs acteurs du milieu communautaire étaient présents lors de l’annonce et voient celle-ci comme une innovation.
«Je trouve ça super emballant. Déjà, qu’il y ait des cibles audacieuses et quantifiables, ça permettra de mesurer le succès. On parle le même langage, ça veut dire que la Ville et les élus sont à l’écoute et veulent vraiment faire la différence. Et ça, c’est de la musique à nos oreilles», souligne Patrick Préville, directeur général de la Fédération de l’habitation coopérative du Québec.
Pour sa part, Mary-Claire MacLeod, présidente d’Habitations Communautaires Longueuil, explique que le principal frein pour les organismes en habitation est «l’enjeu du terrain». Elle se dit donc contente de la présentation et affirme «reconnaître le vocabulaire du communautaire» dans les propos de la mairesse.
«Je pense que c’est le résultat concret du Sommet de l’habitation.»
-Catherine Fournier, à propos de la Stratégie d’habitation de Longueuil