Devant une salle remplie au Palais des congrès de Montréal le 21 mai, le premier ministre du Québec François Legault a indiqué que le secteur de l’aéroport à Saint-Hubert deviendra un «aérocampus», une sorte de foisonnement entre les écoles et les entreprises en aérospatiale de l’arrondissement.
«Ça va contribuer à former la prochaine génération d’excellence en aérospatiale ici au Québec», a déclaré le premier ministre, visiblement dans son élément alors qu’il annonçait la mise en place d’une quatrième zone d’innovation dans la province, celle-ci en aérospatiale.
L’idée derrière la zone d’innovation est d’unir dans un même lieu chercheurs et entreprises «pour être capable d’innover et de commercialiser cette innovation», affirme-t-il.
«On est très bon en recherche, mais on l’est beaucoup moins pour commercialiser cette recherche-là», croit le premier ministre, évoquant ses années comme ministre de l’Éducation.
Il souhaite ainsi miser sur la présence à Saint-Hubert de l’École nationale d’aéronautique (ÉNA) et du Centre technologique en aérospatiale (CTA), ainsi que de la venue prochaine de l’École de technologie supérieure.
Chacun des trois pôles de la zone d’innovation, qui inclut Montréal et Mirabel, aura sa spécialité. Avec ses écoles et entreprises à proximité, celui de Saint-Hubert sera la recherche et le développement.
Emplois, développement et taxes
Le milieu des affaires était évidemment ravi de cette annonce. Mais qu’est-ce que cette désignation amènera pour les citoyens de Longueuil? La mairesse Catherine Fournier y voit trois avantages importants.
D’abord, en termes de création d’emplois. Mme Fournier rappelle que l’aérospatiale est le principal employeur à Longueuil. «Ce sera d’autres emplois […] de très bons emplois, donc c’est une bonne chose pour la vitalité économique de notre ville», souligne-t-elle, se gardant toutefois d’estimer le nombre potentiel d’emplois qui y seront créés.
La mairesse évoque en outre la possibilité de bâtir un milieu de vie dans ce secteur aéroportuaire. Ajout d’entreprises, certes, mais aussi de logements, de commerces de proximité, d’infrastructures et de mobilité.
«Finalement, et non le moindre, c’est les revenus de taxation associés à l’établissement de nouvelles entreprises dans le secteur», soutient la mairesse, estimant à terme des revenus de 40 M$ annuellement «qui vont pouvoir aller directement dans les services aux citoyens».
Forum
L’annonce de la zone d’innovation s’est réalisée dans le cadre du Forum Innovation Aérospatiale International. La Ville de Longueuil tenait d’ailleurs son propre kiosque sur place et souhaitait justement y rencontrer différentes entreprises.
D’autres entreprises ayant une présence à Longueuil étaient également sur place pour le Forum. Parmi celles-ci, on retrouvait Héroux Devtek, spécialisée dans les solutions de train d’atterrissage, qui emploie environ 600 personnes sur le territoire.
«Pour nous, le fait que d’autres universités, d’autres industriels viennent s’établir dans le coin, on ne peut pas être contre! Ça fait juste rendre l’accès à la main-d’œuvre, à l’expertise. Et peut-être même, en tant que donneur d’ordres, de donner des contrats à des compagnies plus locales. Donc, pour nous, c’est juste du positif», soutient Marc-Olivier Gagnon, vice-président en ingénierie et soutien produits chez Héroux Devtek.
Personne n’a toutefois été plus optimiste que le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon, à propos du pôle de Saint-Hubert.
«Plus il va y avoir du talent, plus les entreprises vont vouloir s’établir, donc, ce qui va se passer là, à Longueuil, ça va être vraiment phénoménal», a-t-il mentionné.
«Les zones d’innovation, c’est un concept qui existe ailleurs dans le monde, notamment en Europe, aux États-Unis, alors c’est sûr que c’est une carte de visite encore plus intéressante pour Longueuil.»
–Catherine Fournier, mairesse de Longueuil