Malgré les inquiétudes soulevées au cours des dernières années à propos des impacts du projet, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) a donné son aval à l’agrandissement du terminal à conteneurs du Port de Montréal à Contrecœur. C’est ce que laisse entendre le rapport provisoire de 340 pages publié par l’Agence, le 18 novembre dernier.
Cette prise de position était fort attendue par les milieux des affaires et politiques, mais aussi les groupes environnementaux. Il y a trois ans, l’AEIC avait demandé à l’Administration portuaire de Montréal (APM) de retravailler son plan. Le tout, afin de préciser sa stratégie concernant la protection des écosystèmes notamment, ainsi que la gestion des risques d’accident.
Ces derniers mois, l’APM a multiplié les investissements dans différentes initiatives environnementales dans la région. Des démarches entreprises en attendant d’obtenir le feu vert pour procéder officiellement aux travaux d’agrandissement de son terminal. Le coût du projet se situe, selon les estimés, entre 650 et 950 millions de dollars.
L’administration portuaire n’a cependant pas attendu le rapport de l’AEIC pour aller de l’avant. Ses responsables ont en effet procédé, au cours de l’été, à un appel de qualification pour les travaux qui seront effectués sur cette mégastructure.
En attendant les camions
Malgré le transport lourd accru de façon significative une fois les installations pleinement fonctionnelles (400 000 camions par année), l’AEIC avance que le transport maritime et routier ne devrait pas avoir d’impact environnemental majeur sur la région.
« L’Agence conclut que le projet n’est pas susceptible d’entraîner des effets environnementaux négatifs importants, compte tenu de la mise en œuvre des mesures d’atténuation clés, peut-on lire dans le rapport. L’Agence conclut également que le projet, combiné aux projets passés, présents et raisonnablement prévisibles, n’est pas susceptible d’entraîner des effets environnementaux cumulatifs sur les milieux humides, le chevalier cuivré et la rainette faux-grillon de l’Ouest ».
L’AEIC suit ainsi les recommandations du ministère des Pêches et des Océans Canada (MPO). En septembre dernier, le ministère a fait parvenir un rapport d’une vingtaine de pages. Ce dernier culminait par une recommandation favorable à l’égard du plan compensatoire proposé par l’APM.
Le document demeure flou cependant quant aux démarches qui devront être entreprises afin d’assurer la survie du chevalier cuivré. Espèce endémique, ce poisson vit uniquement dans cette région du monde.
« Le MPO évalue que le projet d’habitat de réserve sur la propriété de l’APM localisée dans l’archipel des îles de Boucherville disposerait de suffisamment de crédits d’habitat pour compenser les pertes d’habitat qui surviendraient au site de Contrecœur pour les espèces autres que le chevalier cuivré. » C’est ce qu’a affirmé Anne Lagacé, directrice de la protection du poisson et de son habitat à la Direction régionale de la gestion des écosystèmes au ministère. « Comme indiqué […], le chevalier cuivré ferait toutefois l’objet d’un programme de compensation distinct. »
Rappelons que le gouvernement canadien s’est engagé l’an dernier à investir jusqu’à 300 millions de dollars dans le projet. Le tout via via la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC).
Un KO pour Laurentia?
L’APM a pour sa part réitéré son intention de déployer des mesures d’atténuation et de compensation exemplaires.
« Le projet de nouveau terminal permettra de soutenir l’essor du marché des conteneurs au cours des prochaines décennies. (…) De consolider la compétitivité de l’écosystème logistique et industriel de l’est du Canada. »
Les nouvelles ont été moins bonnes pour les promoteurs du projet de terminal en eaux profondes Laurentia. L’AEIC a soulevé les effets négatifs importants du projet développé dans la région de Québec. Selon l’agence, ce dernier « s’insère dans un environnement urbain déjà densément peuplé, » peut-on lire dans le rapport rendu public.
Les citoyens qui désirent transmettre leurs commentaires avant la publication de la prochaine version du rapport ont jusqu’au 18 décembre pour les faire parvenir à l’agence.