Dans la foulée du dépôt du rapport de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), des citoyens préoccupés par le projet d’agrandissement du terminal à conteneurs du Port de Montréal ont entrepris de se regrouper sous la bannière de la Vigie citoyenne port de Contrecœur.
Actifs sur Facebook, les membres de cette communauté souhaitent mettre l’accent sur leurs inquiétudes face à des questions qui demeurent, à leurs yeux, sans réponse, et sur l’importance de garder le processus décisionnel transparent.
Le groupe encourage ces jours-ci les citoyens à participer à l’actuelle période de consultation organisée par l’AEIC. Cette dernière prendra fin le 18 décembre avec la réception des derniers commentaires. Deux soirées d’informations virtuelles ont été tenues les 2 et 3 décembre. Selon les chiffres proposés par la Vigie, un peu plus de 70 participants au total étaient présents pour chacune d’elles.
De 2 400 à 8 000 camions par jour?
Au terme de ces deux rencontres, les membres du groupe affirment avoir été déçus de constater que le rôle de l’AEIC se limite à la première phase de développement du projet. À titre d’exemple de ce qui peut sembler préoccupant dans cette situation, la Vigie mentionne dans un communiqué que, de 2 400 passages de camion par jour sur la montée de la Pomme d’Or durant la phase un du projet, l’achalandage pourrait passer à 8 000 lors de la phase 3. Soit plus de 5,5 passages de véhicules lourds à la minute.
Le groupe regrette également que l’évaluation ne tienne pas compte des effets cumulatifs du projet. Notamment en ce qui concerne l’érosion des îles. En entretien avec La Relève, le cofondateur de la Vigie, André Pépin, admet que la création du groupe arrive à un moment où une certaine urgence se fait sentir pour les résidents qui mettent en doute les impacts humains et environnementaux du projet.
« On misait beaucoup sur l’idée que les règlements fédéraux qui devaient protéger le chevalier cuivré s’appliqueraient, admet le Contrecoeurois. Sinon, les citoyens ont eu des occasions de se prononcer, mais ça n’est pas toujours facile d’avoir accès au micro quand la salle est remplie de personnes qui sont là pour dire qu’ils appuient le projet. Il y en a qui ont tenté de le faire, mais c’est demeuré problématique. »
Minuit moins une
Si les citoyens ont eu l’opportunité d’assister aux rencontres virtuelles des 2 et 3 décembre, M. Pépin croit que la situation ne permettait pas d’entretenir une conversation ouverte à propos de certaines préoccupations. « Lors de la première rencontre, nous sommes une trentaine à être demeurés en ligne pour essayer de poser des questions. Mais il y avait quand même 42 experts réunis devant nous. De notre côté, c’est quelque chose que nous faisons à temps partiel. Quand le citoyen moyen se lève pour poser une question devant un tel groupe, ça demande beaucoup d’énergie. Ça et même du courage je dirais. »
En mesurant l’avancement du dossier de l’APM au cours des dernières semaines, M. Pépin admet par ailleurs qu’il est minuit moins une pour ceux qui espèrent toujours faire valoir leur point de vue.
« On s’est dit qu’on faisait peut-être tout ça pour rien, mais on n’a pas le droit de ne pas essayer. Au moins pour pouvoir nous regarder dans le miroir. Pour dire à nos enfants qu’on a tenté de faire quelque chose. Depuis la création de notre page, nous avons reçu beaucoup plus d’appuis que ce que nous aurions pu imaginer. Je comprends que le conseil municipal et le député du Bloc applaudissent la partie commerciale du projet, mais personne ne peut dire qu’au niveau environnemental, tout est acquis. Que les experts de l’AEIC en soient arrivés à la conclusion que le projet n’aura pas d’impact négatif sur l’environnement, c’est une insulte à notre intelligence. C’est ça qui nous a choqués. »