C’est avec émotion que le député de Montarville, M. Stéphane Bergeron, a tenu à rendre hommage à deux éminents citoyens de la région récemment disparus, M. Jacques Durocher et Mme Armande Bouchard. À n’en pas douter, cette émotion et le témoignage rendu par M. Bergeron font état de son attachement à ses concitoyennes et concitoyens, particulièrement celles et ceux qu’il a l’occasion de croiser en raison de leur engagement socio-communautaire. Voici le message que le député de Montarville a rendu public:
«C’est Jacques Dalpé, le président de la Société d’histoire de Varennes, qui m’a annoncé la nouvelle inattendue du décès de Jacques Durocher…
Comme je le lui écrivais, en réponse à son funeste message, j’ai été abasourdi, consterné par cette triste nouvelle… Je ne le savais même pas malade! Pour moi, Jacques était l’incarnation même d’une joie de vivre, qui, sans être exubérante, était communicative et apaisante pour son entourage.
En plus de son engagement politique à mes côtés, la feuille de route de Jacques était on ne peut plus impressionnante; politique municipale, protection de l’île Sainte-Thérèse, ZIP des Seigneuries…
Il nous manquera beaucoup… Depuis l’élection de 2018, je n’avais guère eu l’occasion de le croiser très souvent, mais il était néanmoins réconfortant de le savoir là, tout près… J’ai peine à croire qu’il ne me sera plus possible de le revoir et de pouvoir recourir à ses judicieux conseils…
J’ai toujours été impressionné par cet homme hors du commun; par sa grande érudition et son éloquence, par sa placidité en presque toutes circonstances, par son dévouement, sa fiabilité, sa grande efficacité et j’en passe…
C’est fou, nous parlions élogieusement de lui, quelques heures avant son décès, et nous étions loin de soupçonner qu’il vivait alors ses derniers moments en ce monde…
Quelques semaines plus tard, c’est un autre pilier de notre organisation locale, Armande Bouchard, qui tirait subrepticement sa révérence…
La famille m’avait demandé de livrer un bref témoignage lors de ses funérailles et ce fut un honneur, pour moi, que de lui rendre cet ultime hommage, que je me permets de partager ici…
‘‘Il est tout de même ironique que les directives de la santé publique permettent à 3 500 personnes de se rassembler au Centre Bell pour assister aux finales de la Coupe Stanley, mais limitent à 50 le nombre de personnes autorisées à assister à des funérailles dans cette immense basilique. Chose certaine, si les funérailles de notre amie Armande s’étaient tenues au Centre Bell, il ne fait aucun doute, dans mon esprit, qu’au moins 3 500 personnes auraient voulu s’y rassembler…
J’ai connu Armande en 1989. J’étais alors âgé de 24 ans. Elle était cheffe de ville pour le Parti Québécois à Varennes. J’ai vite compris qu’il ne fallait pas se fier à son allure un peu frêle, car Armande, elle en avait dedans!
C’était une femme très active à la vie sociale n’ayant rien à envier à celle d’un député. Golf, bowling, ski et danse, entre autres, ponctuaient son agenda hebdomadaire, et ce, jusqu’à ces toutes dernières années.
Je me souviendrai toujours de cette première assemblée générale de l’Âge d’Or de Varennes à laquelle j’aie participé et où je représentais le député François Beaulne. Perclus de mes aprioris de jeunesse concernant les <>, j’ai été tout simplement abasourdi, après la réunion, de voir les chaises et tables être rangées en deux temps, trois mouvements, Armande s’installer au piano et tous ces gens danser allègrement.
Pour celles et ceux qui m’ont déjà fait des compliments à propos de mes aptitudes en danse, sachez d’ailleurs que c’est Armande qui m’a initié à la danse en ligne. Comment oublier ces soirées de l’Âge d’Or ou du Bel Âge pendant lesquelles Armande, sortait son petit <> de gin de sa sacoche et en versait une petite rasade dans le verre de 7UP de tout un chacun, même sans qu’on le lui ait demandé, alors qu’on avait le dos tourné ou qu’on était sur le plancher de danse!
Armande était notamment connue et reconnue pour son célèbre et succulent sucre à la crème. Elle en apportait un contenant à chacune des réunions de l’exécutif du Parti Québécois ou du Bloc Québécois. Nous attendions d’ailleurs toujours impatiemment la fin des délibérations pour pouvoir en déguster un… deux… voire trois morceaux… ou plus!
La foi comptait pour beaucoup dans la vie d’Armande. Je me souviendrai toujours de cette réunion d’exécutif où, au terme de nos discussions, nous attendions impatiemment, comme d’habitude, de pouvoir savourer le délicieux sucre à la crème d’Armande. Réalisant qu’elle n’en avait pas apporté, nous lui avons exprimé notre surprise et notre déception. Sur un ton faussement sentencieux, elle nous a gentiment fait remarquer que c’était le Carême et qu’il faudrait donc attendre le mois prochain pour pouvoir nous sucrer le bec!
C’est elle qui, à titre de présidente de la congrégation des Dames de Sainte-Anne, a lancé cette belle initiative visant à souligner les vénérables anniversaires de mariage de la communauté. Durant des années, nous avons fait ensemble le tour des domiciles des différents couples de jubilaires pour leur remettre les témoignages des autorités publiques. Chaque fois, elle rappelait au passage combien d’anniversaires son époux et elle auraient célébrés s’il était toujours de ce monde.
Pour moi, Armande était l’incarnation même de la générosité. Ayant perdu son époux alors qu’ils étaient encore relativement jeunes, Armande, avec l’abnégation qu’on lui connaissait, a choisi de sublimer cette perte en célébrant l’amour des couples qui, contrairement au sien, ont perduré à travers les années.
Elle faisait preuve d’une telle vitalité que nous nous plaisions à la croire immortelle… Pour nous Armande était comme un roc solide et inébranlable. Son départ nous rappelle que, même le roc n’est pas éternel, du moins, pas en ce monde.
J’ai appris, par l’intermédiaire de Lucie Lépine, qu’elle avait connu des problèmes de santé, mais, selon Lucie, elle demeurait toujours aussi positive et dynamique. Selon ce qu’on m’a rapporté, elle chantait et jouait encore du piano l’avant-veille de son décès.
Nous conserverons donc à tout jamais l’image d’une Armande souriante et pétillante, qui voulait toujours nous garder chez elle pour manger, prendre un petit coup ou assister à un récital impromptu de piano et de chant…
Chaque fois que je viendrai dans cette basilique, j’aurai tendance à la chercher du regard, mais avec la conviction profonde qu’elle ne sera jamais bien loin, quelque part dans cette majestueuse église qu’elle aimait tant, sans doute en grande conversation, à voix basse bien sûr, avec nulle autre que Sainte Marguerite d’Youville!’’
Varennes perd deux de ses plus éminents citoyens et plusieurs, dont je suis, perdent deux amis…
Reposez en paix, chers amis…»
Hommage à deux éminents Varennois
communiqué