Si Infrastructure Canada (INFC) confirmait l’installation de nouvelles barrières antisuicides sur le pont Samuel-De Champlain, il faudrait calculer un délai de deux à trois ans, à partir de ce moment, avant qu’elles n’apparaissent sur la structure, selon Signature sur le Saint-Laurent. Et l’heure est présentement à l’évaluation.
INFC évalue en ce moment la possibilité d’ajouter des barrières dissuasives sur le tablier autoroutier du pont et de modifier les barrières existantes le long de la piste multifonctionnelle.
«En tenant compte des entraves requises, des autres travaux qui doivent avoir lieu sur le pont, notamment des travaux de planage-pavage et des travaux des autres chantiers majeurs, nous pouvons parler d’un délai estimé de 2-3 ans à partir du moment où une confirmation serait donnée par INFC», avance Martin Chamberland, directeur des opérations de Signature sur le Saint-Laurent.
Il faudrait tenir compte des étapes de conception, d’approvisionnement, ainsi que d’installation et de mise en place.
INFC affirme de son côté que davantage d’informations sur les mesures et échéanciers seront transmises «dès que nous serons en mesure de le faire».
Quant à la modification de la clôture existante le long de la piste multifonctionnelle, «une analyse est en cours pour déterminer comment [elle] pourrait être bonifiée sans compromettre la capacité à réaliser les activités d’entretien», soutient M. Chamberland.
L’ajout de peinture anti-escalade fait aussi partie des mesures envisagées et de la signalisation de prévention du suicide sera installée «dans les mois à venir».
«C’est trop long»
Ce discours choque Kathy Roussel. Son fils Maxime, 27 ans, s’est enlevé la vie en sautant du pont, le 3 février.
«On est toujours dans l’hypothétique, les réflexions, les préoccupations, déplore-t-elle au Courrier du Sud. C’est trop long.»
D’autant plus qu’elle n’est pas la première à se faire entendre. Deux coroners ont recommandé en 2023 de rendre impossible l’escalade de la rambarde de la travée sud et celle de la clôture longeant la piste cyclable.
Sur le pont Samuel-De Champlain, «c’est d’une facilité désarmante, s’inquiète-t-elle. Ce n’est pas compliqué, sur la travée sud, tu te stationnes, et il manque juste l’affiche «Sautez ici»! Ce n’est pas haut, la rambarde.»
Après avoir témoigné à La Presse, Mme Roussel ose cette deuxième sortie pour faire pression sur les décideurs.
«J’ai de la peine, c’est bien certain, c’est mon fils unique. Je n’ai plus d’enfant, vivant, dit-elle avec émotions. Mais si chaque fois qu’il arrive un drame, un membre de la famille sortait, pour briser le tabou du suicide et faire de la sensibilisation, on serait peut-être en travaux préparatoires [pour des barrières] en ce moment.»
Nombre «faible» de suicides
Le nombre total annuel de suicides fait partie des critères pris en considération dans la décision d’ajouter ou non des barrières dissuasives. La Presse révélait récemment que sept suicides et cinq tentatives y sont survenus depuis l’inauguration.
Selon M. Chamberland, la moyenne est d’un événement par an, «si on fait abstraction de l’année 2021, où nous avons eu un plus grand nombre d’événements possiblement liés à la COVID».
«Évidemment, un événement est toujours de trop, ajoute-t-il. Statistiquement, ce nombre demeure faible en comparaison avec les plus ou moins 20 événements par année qui se produisaient au pont Jacques-Cartier avant l’installation des clôtures.»
SSL évoque aussi divers enjeux à prendre en considération. «Il est plus compliqué de venir ajouter des éléments après la construction lorsque que le pont est en service que lors de la phase initiale de construction.»
Actuellement, seul un côté du corridor nord est protégé par une clôture dissuasive. Pour protéger l’entièreté du pont, des barrières devraient être ajoutées à gauche en direction nord, ainsi qu’à gauche et à droite en direction sud.
En cas de besoin, les gens sont invités à contacter la Ligne téléphonique provinciale de prévention du suicide 1 866 APPELLE (277-3553).