La Ville de Longueuil veut se positionner comme un leader en matière d’inclusion et d’équité; un «message clair» qu’envoie son Plan d’action de lutte contre le racisme et la discrimination et pour l’inclusion (PA-RDI).
Dans un contexte où la radicalisation des discours s’observe sur les réseaux sociaux et où les enjeux sociaux se complexifient, «la Ville se doit d’avoir un message à la fois fort et phare», illustre le conseiller Alvaro Cueto, qui a été partie prenante de la démarche pour mettre au jour le PA-RDI.
Un message de tolérance zéro envers le racisme et la discrimination, notamment. «Le Plan encadre ce que fait la Ville et ce que la Ville veut projeter», affirme à ses côtés la conseillère municipale Affine Lwalalika, aussi impliquée dans les diverses étapes qui s’échelonnent depuis près de deux ans, et qui impliquent plusieurs partenaires, dont des citoyens.
Les données de Statistique Canada et d’une étude du Comité Ville sans racisme, qui ont servi de réflexion au PA-RDI, «sont très alarmantes», a reconnu Mme Lwalalika.
Les personnes appartenant à un groupe de minorité visible représentent 25,3% de la population de Longueuil, selon Statistique Canada (2021). Pourtant, elles composent 36% des personnes en situation de pauvreté et 30,5% des chômeurs de 15 ans et plus.
«Ça pousse une administration municipale à se demander : qu’est-ce qu’on peut faire? Comment adapter les politiques, les plans d’action pour cette cohésion, pour que tous se sentent inclus, se sentent chez eux et participent à sa vie de quartier», expose Mme Lwalalika.
Quatre axes
«La Ville est désormais consciente qu’elle a plusieurs responsabilités : leader, facilitatrice, partenaire et ambassadrice», énumère M. Cueto, reprenant des termes clés du Plan d’action.
Les grands axes d’intervention du PAR-DI – dont toutes les directions de l’appareil municipal «pourront s’imprégner», se réjouit Mme Lalalika – sont la Ville comme prestataire de service; comme milieu de travail inclusif; comme promotrice de l’inclusion et du lien social; et comme actrice politique.
En matière de prestation de services, Mme Lwalalika donne en exemple la sécurité incendie. «Comment prévoir la prévention, en connaissant le nombre de nouveaux arrivants, en sachant les origines distinctes, pour qui le système de construction de maison ou même seulement la préparation de la nourriture peuvent être différents? C’est de tenir compte de la diversité, d’origine et de parcours.»
La Ville s’engage notamment pour 2025-2026 à développer un outil de sensibilisation pour les propriétaires, locataires et promoteurs, afin de prévenir la discrimination dans l’accès au logement.
Elle se veut aussi partenaire des acteurs et organismes qui, sur le terrain, sont déjà à l’œuvre en la matière sur le territoire.
Afin de faire de la Ville un milieu de travail davantage inclusif, le plan d’action cible comme objectif de «développer une culture d’appropriation des valeurs d’équité, de diversité, d’inclusion et d’intersectionnalité (EDI) et de l’approche ADS+ de manière transversale».
L’approche ADS+ (analyse différenciée selon les sexes) demande de tenir compte, tant dans la prestation de services qu’au sein du milieu de travail, des différentes manières dont sont vécus certains enjeux par les hommes et les femmes.
Par ailleurs, les minorités à la fois visible et ethnique représentaient 11,35 % des employés en date du 27 mars. «Il faut savoir que les statuts sont auto-déclarés, donc certaines personnes pourraient ne pas se reconnaître comme faisant partie de l’un ou l’autre de ces groupes cibles», précise toutefois la Ville.
Ces données ont contribué à l’élaboration de l’axe «Ville comme milieu de travail inclusif» du plan.
Se voir et s’identifier
Sans avoir à jeter un œil au Plan d’action, Affine Lwalalika discute avec enthousiasme de deux engagements précis de la Ville comme promotrice de l’inclusion : valoriser l’apport des aînés issus de communautés ethnoculturelles et valoriser les jeunes issus de ces communautés.
«C’est important pour les jeunes, pour qu’il y ait un sentiment d’appartenance, d’avoir des figures qui leur ressemblent, sans avoir à se tourner vers les États-Unis, par exemple.»
Comme élue, elle ressent bel et bien cet engouement chez les jeunes. Des camarades de classe de ses enfants posent des questions sur ce que fait leur maman conseillère municipale. «Ça suscite l’intérêt, devient possible, accessible», constate-t-elle.
Une même curiosité qui se manifeste également chez les femmes des communautés ethnoculturelles, observe-t-elle. «C’est incroyable, ça éveille le désir, ça montrer qu’on peut s’implique.»
Alvaro Cueto voit son rôle de conseiller municipal un peu comme celui d’un ambassadeur.
Les deux élus n’ont que de bons mots à l’égard de la mairesse Catherine Fournier, pour qui il importait que le conseil municipal soit davantage diversifié, à l’image de la population de Longueuil.
«Certains pensent que les personnes issues de la diversité qui se lancent en politique le font un peu pour être la «mascotte», répondre à un quota, mais c’est aucunement le cas», tranche-t-il.
«Et quand on en parle lorsqu’on visite des écoles, les jeunes sont intéressés, relate M. Cueto. Ça brise les tabous et les préjugés selon lesquels la politique serait seulement pour certaines personnes.»
Mettre de l’avant l’inclusion, c’est intégrer aussi davantage de noms de femmes et de personnes issues de la diversité dans la toponymie.
Déjà, Mme Lwalalika dit avoir soumis une proposition au comité de toponymie : celle de Josette Jacques, une femme qui a été très impliquée, notamment dans le milieu scolaire et au Regroupement des femmes haïtiennes de Longueuil, et qui a pris part aux activités autour du Mois de l’histoire des Noirs. Elle est décédée en septembre dernier.
Une recommandation sera adoptée à la séance du conseil du 16 avril afin de renommer le parc Gentilly Est en son honneur.
Le Plan d’action contre le racisme et la discrimination et pour l’inclusion doit aussi être adopté à cette séance.