La saison nautique est à peine commencée et déjà on déplore un accident mortel en motomarine. Cet été, la surveillance sur le Saint-Laurent sera accrue à Boucherville. «Ceux qui veulent faire le party devront aller ailleurs», avertit Mathieu Brassard, inspecteur au Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) et responsable de la patrouille nautique.
La Ville de Boucherville et le SPAL ont annoncé lors d’une conférence de presse le 1er juin avoir conclu une entente avec une firme de support aérien. À bord de la patrouille nautique, une surveillance des activités nautiques, du haut des airs, avec des drones, sera effectuée.
«Les gens vont embarquer avec les patrouilleurs du SPAL et on sera capables d’avoir des yeux avant d’arriver sur les lieux», signale l’inspecteur.
Ce moyen vise à renforcer la sécurité et à réduire les comportements dangereux en contournant les systèmes organisés de communication des plaisanciers.
«Il est extrêmement difficile d’intervenir parce qu’ils nous attendent. Ils se passent le mot et dès qu’on arrive dans le secteur, tout le monde se calme», explique-t-il.
La captation d’images permettra au policier de se rendre à l’endroit précis où l’infraction a été commise et servira de preuve aux policiers qui pourront alors émettre des contraventions à ceux qui ne respectent pas les règles, par exemple, pour excès de vitesse, consommation d’alcool ou de drogues, non-respect des bouées, conduite dangereuse, bruit, etc., confirme le directeur général de la Ville de Boucherville, Roger Maisonneuve.
«On va utiliser ce moyen pour essayer de calmer le jeu. En même temps, cela nous permettra d’observer beaucoup d’images sur ceux qui consomment, par exemple. On veut changer les comportements comme on a fait en matière de sécurité routière», ajoute M. Brassard.
Surveillance l’été dernier
L’été dernier, la Ville a mandaté une entreprise pour documenter l’achalandage et mesurer le niveau de bruit ambiant sur le fleuve. Plus de 23 séances de captation de vidéo et de photos par drone ont été réalisées du 24 juin au 3 septembre. «Cela nous a permis de recenser le nombre et le type d’embarcations sur le fleuve», a indiqué la conseillère municipale Isabelle Bleau.
Ces observations ont également révélé plusieurs comportements nécessitant des interventions ciblées : un nombre élevé d’embarcations, une méconnaissance des règles de priorité et de la signalisation par plusieurs plaisanciers, une vitesse excessive des motomarines et un manque de courtoisie.
«L’analyse nous a permis de constater la présence moyenne de 125 embarcations par jour sur le fleuve. Mais il y a des journées où on en a vues davantage, 300, 350», précise Mme Bleau.
Malgré les feux de forêt et un été nuageux et pluvieux, l’achalandage sur l’eau est toujours important, note Mme Bleau, surtout autour de la Fête nationale.
«Plusieurs embarcations se mettent à l’épaule, allant de 2 à 8 bateaux attachés ensemble. Cela crée parfois un blocage, une nuisance de la circulation dans le bras du fleuve qui est assez étroit, compliquant le passage sécuritaire des autres embarcations», déplore Mme Bleau.
7 800 bateaux par saison
La Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) a elle aussi mené une étude durant 67 jours, l’été dernier, dans le secteur du parc national des Îles-de-Boucherville, principalement dans le chenal de la Grande Rivière où se rassemblent les bateaux, mais aussi jusque dans les Grandes battures Tailhandier. L’été dernier, le haut niveau d’eau a exceptionnellement permis aux bateaux de se rendre à ce lieu.
«À l’aide de 8 drones, on évalue à 7 800 le nombre d’embarcations motorisées par saison, et on peut facilement anticiper jusqu’à 10 000 bateaux juste dans ce secteur cette année », a résumé Cédric Landuydt, directeur des parcs nationaux des Îles-de- Boucherville et du Mont-Saint-Bruno.
Par ailleurs, les données sonores recueillies par sonomètre ont révélé un niveau de bruit entre 55 et 65 décibels lors d’un achalandage moyen sur l’eau. Le niveau de bruit variait en fonction de l’achalandage, atteignant 42 décibels en l’absence de plaisanciers, et variant entre 70 et 75 décibels lors de journées plus animées. Dans certains cas, le niveau de bruit a même dépassé les 90 décibels.
«Ça, c’est une autoroute solide en plein coeur d’un parc national», a commenté M. Landuydt.
Le bruit est la plainte no 1 des utilisateurs du parc et des résidents du boulevard Marie-Victorin également, alors que le nombre de bateaux arrive en deuxième position, a aussi révélé le directeur.
Campagne de sensibilisation
La Ville de Boucherville lancera cet été une campagne de sensibilisation en sécurité nautique qui va cibler particulièrement les motomarines, a fait savoir la porte-parole de la Ville, Julie Lavigne.
Cette campagne mettra l’accent sur la connaissance des règles de navigation et de sécurité, ainsi que sur le civisme envers les autres usagers du fleuve.
Dans l’agglomération de Longueuil, le secteur de Boucherville est le plus occupé sur le fleuve avec 44 % des appels logés à la patrouille nautiques du Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil (SSIAL).
«45 % de nos interventions sont pour des recherches et des sauvetages», signale pour sa part, Martin Girard, du SSIAL.
Mentionnons que depuis la Covid, les activités nautiques ont connu une grande popularité. En raison de cet achalandage, la Ville a mis en place depuis 2021 plusieurs actions visant à renforcer la sécurité nautique et à promouvoir une cohabitation harmonieuse entre les divers utilisateurs, comme entre autres l’installation de 24 bouées de limitation de vitesse, la compilation de diverses statistiques de fréquentation du fleuve afin de mieux définir les interventions futures et la présence des patrouilles nautiques du SPAL, du SSIAL et de la Garde côtière auxiliaire canadienne.