Deux canons installés devant l’hôpital Pierre-Boucher envoyaient allègrement dans les airs de grands jets de mousse, dans lequel se «baignaient» quelques employés prêts à se mouiller, au son de Fantastique des Denis Drolet. Une bonhomie qui n’empêchait toutefois pas les manifestants de dénoncer la fermeture annoncée de la buanderie du centre hospitalier de Longueuil et la coupe de 15 postes qui en découlera.
Le Syndicat des travailleurs et des travailleuses et des travailleurs du CISSS de la Montérégie-Est – CSN a été avisé le 29 avril de la fermeture de la buanderie. Dès septembre, les activités de la buanderie liées au lavage seront effectuées à l’externe, au privé. Ses activités de distribution sont toutefois maintenues.
Une quinzaine de postes, soit la moitié des employés de la buanderie, pourraient ainsi être coupés.
«On se bat pour maintenir la buanderie ouverte et maintenir les emplois, clame Micheline Charron, vice-présidente générale du syndicat, lors de la manifestation le 17 juin. Il y en a qui travaillent depuis 34 ans à cette buanderie. Ils sont sur le bord de retraite et aiment travailler là.»
«On a su mercredi passé, lors du conseil d’administration, que l’enveloppe budgétaire pouvait faire la réfection de la buanderie. Le gouvernement a dit au CISSS de refaire le projet et de le prendre dans l’enveloppe budgétaire pour l’agrandissement de l’hôpital Pierre-Boucher, poursuit-elle. Le CISSS de la Montérégie-Est a décidé de fermer la buanderie. On nous a dit que c’était un choix déchirant.»
Dans les deux autres buanderies du CISSS de la Montérégie-Est, à Sorel et à Saint-Hyacinthe, il serait question de remettre les équipements au goût du jour. Dans le cas de Pierre-Boucher, les espaces serviraient à l’agrandissement et aux soins cliniques, selon le Syndicat.
Moins de privé
Cette décision est un non-sens aux yeux de Mme Charron, alors que ce sont les citoyens, «les payeurs de taxes», qui vont payer, d’autant plus que des analyses en cours réalisées par la CSN et MCE Conseils laissent croire que la buanderie est plus rentable si elle est opérée l’interne, avance-t-elle.
Pour sa part, le représentant du personnel paratechnique des services auxiliaires et de métiers à la Fédération de santé et services sociaux Guillaume Clavette s’inquiète d’observer de plus en plus de privatisation en santé, un phénomène qui affecterait particulièrement certains emplois, dont des auxiliaires.
«Notre message au gouvernement, c’est que peu importe les actions pour donner davantage au privé, on sera là pour lui mettre des bâtons dans les roues et pour protéger nos postes au public, exprime-t-il. C’est pas vrai que l’argent en santé va aller dans les poches du privé.»
Mme Charron a bien espoir que les efforts des employés et du Syndicat portent fruit, alors qu’une bataille similaire a été remportée à Sorel.