«Les parents de Jonathan Raymond sont tristes et déçus, mais moi je suis en colère. Je suis en colère contre le gouvernement qui laisse une telle chose arriver, et contre Philippe Truchon, l’accusé. C’est surréaliste qu’il soit en liberté», laisse tomber au bout du fil Catherine Raymond, la sœur de la victime.
Elle et sa famille ont appris en juillet dernier que Philippe Truchon, accusé d’avoir tué son frère il y a sept ans au Pérou, était en fuite dans le Vieux-Boucherville chez un ami.
«On pourrait le croiser n’importe quand. C’est trop difficile. Il y a un meurtrier qui se promène et qui n’a pas purgé sa peine», lance Mme Raymond lors d’une entrevue accordée à La Relève.
Le meurtre
Jonathan Raymond exploitait une ferme de cacao biologique et de plantains au Pérou avec son meilleur ami Philippe Truchon. Il a été assassiné en 2017 par ce dernier qui a avoué son crime à la justice péruvienne.
Il aurait été tué à la suite d’une dispute qui aurait mal tourné. La Presse rapportait en 2023 que Truchon a indiqué dans sa déclaration à la police qu’«en arrivant dans sa chambre, il a essayé d’attraper sa carabine. Je l’ai poussé sur le lit et quand il a lâché l’arme, je l’ai attrapée et je lui ai tiré une balle dans la tête. Il est tombé sur le lit, j’ai vu la mare de sang et j’ai commencé à vomir.»
Philippe Truchon a été condamné à 20 ans de prison, mais il se trouve à Boucherville depuis qu’il s’est enfui du Pérou, a appris récemment La Presse. Nathan Deslandes, considéré comme étant son complice après le meurtre, est toujours en Amérique du Sud.
«On veut que justice soit rendu, pour mon frère, et pour nous, afin que nous puissions faire notre deuil, confie Mme Raymond. Il n’avait que 34 ans lorsqu’il a été tué. Il avait tellement de choses à vivre.»
Rien à faire ?
Le Pérou doit faire une demande d’extradition afin qu’il soit renvoyé dans ce pays pour purger sa peine d’emprisonnement. Il ne peut pas la purger au Canada, puisqu’il a été jugé au Pérou.
«Cette situation est unique. On est dans une zone grise, dans l’incompréhension. On a écrit au gouvernement, à Trudeau, à nos députés pour qu’ils fassent quelque chose. Ça ne nous dérange pas qu’il purge sa peine au Canada plutôt qu’au Pérou. On veut juste qu’il paie pour ce qu’il a commis. On a fait tous les appels avant de parler à un journaliste. Les policiers nous ont dit de faire du bruit», fait savoir Mme Raymond.
«On dit que le temps guérit les choses, mais la vérité, c’est que l’on ne guérit pas d’une telle blessure, on apprend à faire avec, ajoute-t-elle. Des cauchemars, j’en fait encore toutes les semaines. Sa mère pleure encore chaque fois que l’on prononce le nom de son fils unique.»
Du côté du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), la sergente Mélanie Mercille indique que c’est la GRC qui est responsable de ce dossier, et que le SPAL n’est qu’en assistance à la GRC.