Vivre en CHSLD durant 25 ans

Photo de Diane Lapointe
Par Diane Lapointe
Vivre en CHSLD durant 25 ans
Claudette Gervais-Drolet entourée de ses fils Jacques, Michel, Richard et Jean-Marc. (Photo : La Relève – Diane Lapointe)

S’il y a un mot qui qualifie Claudette Gervais-Drolet, c’est la résilience. Elle vit au CHSLD Jeanne-Crevier, à Boucherville, depuis un quart de siècle. Elle est l’âme de l’établissement, selon Manon Lévesque, gestionnaire responsable de milieu de vie. Une fête surprise en l’honneur de Mme Gervais-Drolet a été organisée par ses quatre fils, la semaine dernière.

Le 20 novembre prochain, Mme Gervais-Drolet aura 90 ans, c’est donc dire qu’elle avait 65 ans lorsqu’elle a été accueillie dans l’établissement le 13 octobre 1999.

À la suite d’un accident vasculaire cérébral, la Julievilloise s’est retrouvée paralysée du côté gauche de son corps, mais a conservé toutes ses facultés cognitives.

La femme active qu’elle était devait dorénavant vivre avec une déficience physique la clouant dans un fauteuil roulant, mais surtout, vivre entourée de gens dont la plupart ont des déficits cognitifs.

La vie de couple s’est poursuivie. Son mari, jusqu’à son décès l’année dernière, la visitait de cinq à six fois par semaine.

Sereine et très animée, Mme Gervais-Drolet confirme. «J’adore être ici. J’aime le centre, les activités, et le personnel qui nous est attitré.»

Tout un bail
«C’est remarquable, car la durée moyenne de vie en hébergement en CHSLD est de 18 mois à deux ans», précise à La Relève la directrice adjointe du CHSLD, Mélissa Paradis Lapointe.

Mais ce qui l’est davantage, c’est la faculté d’adaptation dont a fait preuve Mme Gervais-Drolet. «Elle a trouvé un sens à sa vie en aidant les autres et en donnant», ajoute-t-elle.

Son fils aîné, Jean-Marc, est du même avis. «Ma mère a toujours été disponible envers autrui et elle s’est constamment impliquée à l’amélioration du quotidien des résidents du centre. Sa participation active au comité des résidents est un excellent exemple de cette contribution dynamique et soutenue sans négliger par ailleurs, toutes les petites attentions qu’elle porte au quotidien envers les familles endeuillées et les personnes vulnérables et seules, pour qui elle a toujours fait preuve d’empathie, de respect et d’affection chaleureuse et ce, malgré ses propres difficultés et enjeux personnels.»

Lors de l’hommage fait à Mme Gervais-Drolet, on a abondamment rappelé sa grande contribution à la vie et aux activités du CHSLD, et son aide qu’elle apporte aux résidents moins habiles lors des activités de bricolage, de peinture, des jeux, et des sorties extérieures.

«Elle choisit des modèles personnalisés de cartes de fête, que ce soit à l’occasion de la Saint-Valentin, de Noël, ou d’un anniversaire de naissance, et les distribue à chaque résident», souligne affectueusement son fils.

«Elle épaule les personnes endeuillées. Elle fait des promenades régulièrement dans le centre pour prendre des nouvelles des autres résidents et avise les préposés si elle constate que quelqu’un a un besoin particulier», ajoute son fils.

Vie active
La nonagénaire ne l’a pas toujours eu facile. Elle a été affectée à différentes reprises par des infections de toutes sortes, et par la Covid, et elle s’en est toujours sortie. Mais c’est de loin l’isolement durant la pandémie qui l’a le plus affectée, mentionne son fils.

Avant la maladie, Mme Gervais-Drolet a occupé les fonctions de secrétaire pour Denis Dawson à l’époque où il était député libéral. Elle vivait alors dans la région de Québec.

Elle s’est investie dans la communauté et a fait du bénévolat pour la Fondation de l’hôpital Saint-Sacrement, à la Maison Michel-Sarrazin, à Québec, et à la Maison Victor-Gadbois, une fois établie à Sainte-Julie. Elle a été présidente du Centre des femmes Entre Ailes de Sainte-Julie.

À travers cette vie remplie, elle a eu quatre garçons, Jean-Marc, Richard, Michel et Jacques.

«Ma mère est encore coquette, même à 90 ans. Elle se maquille, se coiffe seule malgré son handicap à la main gauche et choisit sa tenue pour la journée», dit fièrement son fils Jean-Marc.

Le maire de Boucherville, Jean Martel, la députée de Montarville et présidente de l’Assemblée nationale du Québec, Nathalie Roy, la présidente de la Fondation Jeanne-Crevier, Marjolaine Tessier, ainsi que des membres du personnel de l’établissement étaient présents lors de la fête hommage.


Partager cet article