Applications à l’école : la nouvelle réalité des parents

Michel Hersir
Applications à l’école : la nouvelle réalité des parents
Les applications sur le téléphone font maintenant partie intégrante des communications avec les écoles. (Photo : Gracieuseté)

Les communications entre parents et écoles ont pris un virage technologique dans les dernières années, une nouvelle réalité qui peut parfois surprendre les parents dont l’enfant commence son parcours scolaire. D’autant plus que ce virage n’est pas tout à fait homogène.

Lorsque sa fille a commencé la maternelle en septembre, Joëlle Bussières a téléchargé une première application pour les suivis administratifs avec l’école. Puis une deuxième pour les communications avec l’enseignant. Une autre pour le transport scolaire, puis celle pour le service de garde. Elle doit aussi se connecter à un portail pour le traiteur. À la coop du cégep Édouard-Montpetit pour les effets scolaires. Et surveiller ses courriels pour les messages de la direction, du service de garde et pour l’infolettre aux parents.

La résidente de l’arr. Saint-Hubert admet avoir été surprise par ce méli-mélo de communications.

«Je suis hyper contente que l’école mette en place des solutions technos, on sent le désir de faciliter le contact avec les parents. Après, c’est un peu éparpillé. Avoir une solution conjointe pourrait être vraiment intéressant, un seul produit qui répond à tous ces besoins», estime-t-elle.

Autre point à l’appui : l’application pour les communications avec l’enseignant contient une option payante, celle pour le service de garde – qui consiste principalement à alerter l’éducateur que le parent s’en vient et qu’il peut préparer l’enfant – est payante (mais facultative) et celle pour l’autobus scolaire connaît des ratés.

À géométrie variable

Son expérience est similaire à celle d’autres parents contactés par le Journal. Le recours aux applications et au numérique est un phénomène largement répandu depuis la pandémie.

«Ça existait avant, mais ç’a vraiment explosé avec la pandémie, parce que c’est devenu le canal principal, alors que les interactions face à face ne pouvaient plus se produire», explique Simon Collin, professeur à l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’équité numérique en éducation.

Celui-ci y voit plusieurs bons côtés à cette communication numérique, notamment différents moyens disponibles pour contacter le parent selon l’importance du message, l’instantanéité et la possibilité de s’assurer que le message soit bien reçu.

Il souligne d’ailleurs l’importance pour les enseignants en début d’année de bien expliquer la fonction de chacun des moyens utilisés. M. Collin note cependant que l’utilisation du numérique dans les communications n’est pas normée et qu’elle dépend souvent de la volonté de l’enseignant.

«De façon générale, les enseignants sont assez peu formés à ça, la communication avec les parents, et donc c’est à géométrie variable […] C’est davantage ceux qui vont être intéressés par ça qui vont s’investir là-dedans, et d’autres vont s’investir ailleurs, faute de devoir tout couvrir ce qu’il y a à faire en éducation», explique-t-il.

Une application pour simplifier tout

La mise en place d’une seule application pour couvrir tous les besoins est-elle réaliste? Le professeur apporte quelques nuances : «il y a beaucoup d’acteurs en éducation et ils sont plus ou moins harmonisés les uns avec les autres. Alors c’est parfois la tentation, d’avoir une appli qui fait tout. Mais souvent, quand elle fait tout, elle fait tout de manière standardisée et en perd un peu au niveau des besoins spécifiques.»

M. Collin prône plutôt une application avec un nombre de fonctions finies, simples, mais bien déterminées pour répondre aux besoins les plus importants. Certaines options, comme la possibilité d’ajouter des pièces jointes ou de traduire les propos dans une langue de son choix, sont également essentielles.

«Il faut que ce soit bien pensé, sinon, on revient au même problème : il va y avoir un moyen de communication parmi d’autres moyens pour combler les besoins qui ne seront pas couverts», note-t-il.

Ce dernier note cependant qu’avant de penser aux applications, il est important de formaliser les attentes et les relations voulues avec les parents.

«Le numérique est un moyen, pas une fin et ça ne résout pas les problèmes communicatifs. Ça peut contribuer à les résoudre, si c’est bien pensé», conclut-il.

 

Le numérique et le CSS

Le Centre de services scolaire Marie-Victorin souligne que les logiciels proposés aux enseignants et parents proviennent de fournisseurs externes. «À ce jour, aucun fournisseur sur le marché ne propose une application centralisant tous ces services», explique-t-il.

Il ajoute qu’il examinerait sérieusement cette option si elle se présentait «car nous sommes toujours à la recherche de solutions innovantes pour aider les parents à s’organiser».

L’organisation précise par ailleurs qu’elle n’oblige pas les parents d’utiliser les applications proposées. De plus, sur la communication entre enseignants et parents, le CSS propose un logiciel, mais donne le choix de l’application à l’enseignant.

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