Mort en devoir en Afghanistan: une peine toujours vive, 17 ans plus tard

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Par Diane Lapointe
Mort en devoir en Afghanistan: une peine toujours vive, 17 ans plus tard
Le caporal-chef Christian Duchesne décédé en devoir, en Afghanistan. (Photo : (La Relève – Denis Germain))

Dix-sept ans après le décès de leur fils, la douleur est toujours présente, vive et lourde. «C’est un grand vide. Jamais on ne l’oubliera. C’est marqué au fer rouge», témoignent les parents du caporal-chef Christian Duchesne décédé en devoir, en Afghanistan.

«Chaque fête ravive notre peine», confie sa mère, Danielle Duchesne. «J’ai encore son manteau de cuir, et touchez pas à ça », ajoute son père, André Duchesne.

Le jour du Souvenir qui se tient chaque année le 11 novembre est significatif pour le couple de Boucherville rencontré à son domicile.

«On veut que les gens se souviennent du sacrifice qu’il a fait », commente Mme Duchesne.

Honorer sa mémoire
Les médailles décernées à leur fils sont bien en vue dans le salon. «Ces médailles lui ont été attribuées pour ses deux missions en Bosnie. Celle-ci pour le meilleur corps médical au monde dont il faisait partie. Ça, ce sont les ailes du parachutiste. Christian était parachutiste, c’est un rôle militaire très dur. Il était également ambulancier. Et là, c’est la médaille du sacrifice », décrit M. Duchesne encore visiblement très émotif, même après toutes ces années.

Christian Duchesne était appelé à suivre les troupes en zone de combat lors de sa troisième mission en Afghanistan. Il a perdu la vie le 22 août 2007 lorsque le véhicule blindé léger dans lequel il prenait place a explosé sur une mine antichar dissimulée sous une route, à environ 50 kilomètres à l’ouest de Kandahar.

«Ça été une mission désastreuse», souffle M. Duchesne.

«Cet accident n’aurait pas dû se produire », ajoute-t-il.

Trois personnes sont décédées dans cet accident : outre le caporal-chef Christian Duchesne, l’adjudant-maître Mario Mercier, et un interprète afghan. Le journaliste de Radio-Canada Patrice Roy était à bord du blindé et s’en est sorti indemne. Son caméraman a perdu une jambe et un autre militaire a été blessé.

Christian avait 34 ans et était père de trois enfants.

Aider les autres
Leur fils était un élève très doué, se remémore les parents. Alors qu’il termine sa première année d’université, il annonce à ceux-ci qu’il joint les Forces armées canadiennes. Il avait 19 ans.

«Je lui ai parlé. On a toujours eu du respect. L’important, c’était qu’il aime ça, mais nous savions qu’il y avait des risques», relate M. Duchesne.

«En Bosnie, il était dans les Casques bleus. Mais quand il est parti en Afghanistan, c’était moins drôle», souligne la mère du défunt.
«Christian a sacrifié sa vie pour une cause juste. Il ne cherchait pas les éloges ni les titres. Son but était d’aider les gens dans la misère et qui étaient incapables de s’en sortir par eux-mêmes», expose M. Duchesne.

« Je souhaite qu’on se souvienne de lui comme étant un homme qui avait fondamentalement le désir d’aider et d’apporter une vision que les Afghans n’avaient pas de l’Occident. L’image de la bonté d’être allé là-bas pour eux. C’est l’objectif dont il me parlait », exprime M. Duchesne

«Il était grand, plus que la moyenne et il était physiquement très fort. C’était un sportif né », raconte-t-il. Jeune il a pratiqué le judo, la natation, le kung-fu et l’haltérophilie, mais il se distinguait particulièrement au baseball.

Il a grandi et vécu à Boucherville jusqu’à l’âge de 20 ans. Il a fréquenté les écoles primaires Sacré-Cœur et Les Jeunes Découvreurs, l’école secondaire De Mortagne, le cégep Édouard-Montpetit et l’Université de Montréal.

Un bâtiment à son nom
Un bâtiment de Boucherville, situé au 20, Pierre-Boucher, a été nommé en 2021, en mémoire du caporal-chef Christian Duchesne.

«C’est le capitaine Martin Lemaire, un résident de Boucherville, qui a fait les démarches auprès de la Ville », mentionne Mme Duchesne.

«On cherchait un lieu, une rue ou un bâtiment qui pourrait porter le nom de Christian Duchesne. Et des rues, il ne s’en ouvrait pas vraiment à Boucherville. Puis on a pensé à ce bâtiment», se rappelle François Desmarais, enseignant en histoire, conseiller municipal et président de la Commission de toponymie.

«Cet édifice accueille la Légion royale canadienne, filiale 266 Pierre-Boucher, l’Ambulance Saint-Jean, les scouts, et l’association Loisirs et répit Sans Limites. Christian était un soldat qui était là pour l’humain et de nommer ce centre en sa mémoire convenait très bien », affirme M. Desmarais.

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