Près d’une centaine de citoyens de Sainte-Julie ont assisté sur Teams à la rencontre de plus de deux heures avec l’équipe de la firme de génie conseil en infrastructures urbaines, Genexco, qui a été mandatée par la Municipalité pour présenter son étude du comportement du réseau pluvial dans le secteur Du Moulin, particulièrement touché par les pluies torrentielles du 9 août.
Les questions ont fusé de toutes parts et la Ville attend sous peu les recommandations de ces experts afin d’améliorer ce réseau qui date de près de 50 ans à certains endroits. Néanmoins, la patience de certains résidents affectés également par des inondations en 2023 aurait atteint ses limites et un recours collectif pourrait être enclenché.
Les responsables de Genexco ont procédé à des simulations avec différentes quantités de pluie et même des précipitations que l’on ne rencontre qu’une fois par 100 ans. Selon leurs analyses, le réseau municipal était conforme, en tenant compte que ces systèmes pluviaux sont conçus pour répondre à la directive 004 du ministère de l’environnement, qui est entrée en vigueur le 25 octobre 1989.
Ils ont fait valoir que la tempête Debby est un événement d’une période de retour évaluée à 200 ans par endroits et que c’est donc du jamais vu. Elle a laissé une pluie record au sol de 154 mm à Sainte-Julie, échelonnée sur 18 heures avec trois pics d’intensité.
La Ville de son côté a effectué 150 inspections visuelles à la suite du 9 août. Les rapports qui seront envoyés dans les prochaines semaines font notamment état de 17 % de problèmes d’infiltrations pluviales (fissures, problèmes d’étanchéité, etc.) et 40 % d’infiltrations sanitaires (clapets non conformes, absence de clapets, etc.).
Pour sa part, le maire Mario Lemay a déclaré que «les infrastructures municipales ne sont pas faites pour absorber une pluie 100 ans et même 200 ans, à Sainte-Julie, comme partout ailleurs», en ajoutant «qu’aucune ville ne pourra changer tous ses tuyaux» étant donné que cela occasionnera des coûts exorbitants. «Il est primordial qu’on s’adapte et qu’on augmente notre résilience face aux changements climatiques. Comme il n’existe pas de risque zéro, tous doivent faire leur part.»
De nombreuses interrogations
Lors de la période de questions, Yara Kfouri, tout comme Josée Savaria, ont mentionné : «Mettre à jour nos résidences pour être plus résilientes engendre des frais assez coûteux. Est- ce que la Ville offre des subventions pour alléger ces frais?». Le maire a répondu que la Ville entendait plutôt investir dans des solutions afin d’améliorer ce réseau.
Plusieurs questions des citoyens concernaient la raison des interventions d’employés municipaux le 9 août vers les 20 h sur la rue Ringuet, ce qui aurait coïncidé avec une évacuation de l’eau par le réseau quelques minutes plus tard. Le directeur des infrastructures et gestion des actifs, Marcel jr Dallaire, a précisé : «On a ouvert des regards pour valider la hauteur de l’eau dans les réseaux, autant le sanitaire que le pluvial, donc il n’y a pas eu d’intervention particulière de débouchage des égouts. C’est un concours de circonstances qui fait que le réseau s’est déchargé par la suite.»
À la suite de la présentation, plusieurs citoyens se sont dit très étonnés d’apprendre que le réseau pluvial du secteur Du Moulin se déverse dans le coin du parc de la Coulée, soit près de 2 km plus loin que certaines habitations. Des propriétaires ont alors demandé qu’une nouvelle sortie d’eau soit construite plus près. D’autres, qu’une pompe puisse effectuer l’évacuation plus rapidement en cas de fortes pluies, alors que Lewis Raymond a affirmé qu’il faudrait ajouter un nouveau bassin de rétention.
Vers la fin de la rencontre, Chantal Gagnon, qui est l’une des 128 membres de la page Facebook Les inondés du 9 août de Sainte-Julie, a demandé aux gens intéressés à laisser leurs noms à l’adresse chgagnon@live.ca afin qu’elle contacte des avocats pour entamer un recours collectif. Précisons dans ce dossier que 72 personnes ont fait une réclamation à la Ville en 2023 et plus du double, soit 155, en 2024.
Cette problématique qui touche particulièrement les résidents des alentours de l’école Du Moulin pourrait affecter d’autres secteurs de la ville dans les années à venir, car les analyses de l’Institut Ouranos indiquent que les précipitations annuelles moyennes ont augmenté de 10,5% sur le territoire québécois durant les dernières décennies. Cette donnée peut être appelée à s’accélérer en raison des changements climatiques, sans compter que le sol de Sainte-Julie est principalement constitué d’argile, dont la couche peut atteindre 9 à 10 mètres par endroit, ce qui ralentit considérablement le drainage de l’eau de pluie.