Toujours h caricaturiste Marc Beaudet a offert un cadeau à sa ville d’adoption en signant la conception des étiquettes des trois bières créées dans l’esprit du 350e anniversaire de la municipalité.
Comme on peut s’y attendre, Marc Beaudet aimait dessiner quand il était gamin et déjà, la caricature était son style de prédilection. Ses premières victimes? Des enseignants, bien entendu, mais aussi son papa dont il collait les « portraits » sur le frigo avant de retourner dans sa chambre quand père et fils avaient une prise de bec.
« C’était ma façon de contester l’autorité et d’exprimer les frustrations que je pouvais avoir en l’illustrant de façon éditoriale, nous explique celui qui a fait ses racines à Varennes il y a une vingtaine d’années. Je le faisais pour que ce soit comique. Pas pour la personne elle-même, mais pour les autres! »
Espérant faire sa place dans un milieu aussi restreint, l’adolescent n’a pourtant jamais douté de ses capacités et du destin qui l’attendait.
Il lui faudra cependant attendre quelques années avant de pouvoir mettre son talent à profit. Après un détour du côté de la sociologie, qui lui a permis d’aiguiser son sens de l’observation, Marc a pu commencer à gagner des sous avec ses dessins alors qu’il étudiait à l’Université Laval durant la seconde moitié des années 1990.
« C’est à cette époque que je me suis dit : « Je me lance. C’est ça ma vie! » Je savais que ma mission, ce serait de dessiner et de faire rire les gens. »
La chaise convoitée
Après avoir décroché un contrat avec l’équipe des sports au Journal de Québec en 1997, Marc a décidé de faire preuve d’audace en formulant une demande inhabituelle lors d’une visite au tout premier caricaturiste du Journal de Montréal, Roland Pierre, qui était alors à l’aube de prendre sa retraite.
« Je fais beaucoup de visualisation, alors avant de partir, je lui ai demandé si je pouvais m’asseoir sur sa chaise. J’étais en mission! J’allais là pour m’imprégner de l’ambiance de la salle de édaction, de son bureau. Il a alors pris sa chaise et il me l’a présentée en me disant textuellement : « Elle est à toi! » J’en ai encore des frissons quand j’en parle! »
Il aura fallu cependant de la patience et de l’acharnement pour que notre dessinateur obtienne sa chance. Écarté d’une sélection de quinze candidats initialement retenus pour remplacer M. Pierre le moment de la retraite venu, Marc a alors lâché son emploi égulier pour plancher quotidiennement sur de nouveaux dessins afin de prouver à ses futurs patrons qu’ils avaient eu tort. Et son acharnement fut écompensé lorsque, en 2002, on lui a proposé de se joindre à l’équipe.
« Je raconte ça quand je donne des conférences et j’en ai les larmes aux yeux chaque fois, admet le créateur. J’essaie de faire comprendre aux jeunes et même à mes amis que si tu veux vraiment quelque chose dans la vie, si tu veux atteindre un êve, un objectif, il y a des moyens pour y arriver. »
De nouvelles BD
Son association avec le Journal de Montréal aura duré 13 années. Jusqu’au jour où, comme d’autres, il a vu sa plume passer au couperet dans la foulée du lockout 2009 et des chambardements qui ont secoué la publication.
L’an dernier cependant, Marc a eu l’opportunité de faire sa place à La Presse à titre de remplaçant occasionnel de l’indémodable Chapleau et d’André-Philippe Côté.
En parallèle, il poursuit ses activités, notamment comme formateur à l’École nationale de l’humour et nous prépare pour l’automne une suite à sa série de bandes dessinées Gang de rue, dont les quatre tomes, publiés aux Éditions ADA, ont connu un beau succès.
L’auteur planche également sur les deux BD d’une nouvelle série appelée Le Clan inspirée des séjours annuels avec ses adolescents à leur chalet familial de Trois-Pistoles.
« Mes fils vont avoir 16 et 14 ans et chaque été, ils retrouvent leurs chums avec qui ils passent deux mois, raconte le caricaturiste. Ils finissent toujours par faire un paquet d’affaires, par s’inventer des jeux. Pas de devoir, pas de leçon, pas de travail, c’est la liberté! »
Marc Beaudet s’offrant un verre d’une des bières hommages aux personnages marquants de l’histoire de Varennes dont il a signé l’identité visuelle.(Photo : courtoisie)

