Trop vieux pour rester membre de l’Association des orchestres de jeunes de la Montérégie (AOJM), le musicien bouchervillois Mathieu Massicotte aurait pu simplement ranger son violon. Mais il en a décidé autrement. Il a fondé cet automne son propre ensemble, l’Orchestre Symphonique Carmina (OSCAR) qui compte une trentaine de musiciens, et qui offrira son tout premier concert le 14 décembre à l’église anglicane Saint-Barnabas, à Saint-Lambert.
Le violoniste a passé 19 années au sein de l’AOJM. Mais à 27 ans, il avait dépassé la limite d’âge des 25 ans.
«Ils ne me mettaient pas dehors officiellement, mais c’est logique, c’est un orchestre pour les 14 à 25 ans», exprime-t-il en entrevue à La Relève.
L’idée d’un nouvel ensemble a émergé en juin, lors du 50e anniversaire de l’AOJM, célébré à la Maison symphonique. Les répétitions réunissant près de 160 anciens musiciens ont mis en lumière un besoin réel. Les plus âgés désiraient poursuivre la pratique musicale après l’AOJM, mais dans un cadre avancé, accessible et situé sur la Rive-Sud.
«Plusieurs musiciens nous disaient qu’ils voulaient continuer, mais ne trouvaient pas un orchestre qui leur convenait, soit par manque d’effectifs, soit parce que c’était trop loin», raconte M. Massicotte.
C’est ainsi qu’est né OSCAR, un orchestre de niveau avancé pour les instrumentistes de tout parcours, qu’ils soient amateurs ou semi-professionnels. Sa mission est de rendre la musique symphonique accessible, autant aux instrumentistes passionnés qu’au public de la région.
Saint-Lambert : un choix stratégique
Le choix de Saint-Lambert s’est imposé pour deux raisons, explique le fondateur. La centralité, car les musiciens proviennent de la Montérégie et de Montréal, et le coût des locaux. «On a visité plusieurs villes, mais aucune salle n’était aussi abordable que Saint-Lambert», note-t-il.
Des musiciens aux parcours variés
OSCAR réunit actuellement 30 musiciens, mais devrait atteindre 35 à 40 membres au cours de l’hiver grâce au recrutement.
La composition de l’orchestre reflète une grande diversité professionnelle, mentionne M. Massicotte. «Il y a des médecins, des ingénieurs, des professeurs, des musiciens professionnels, des programmeurs, tous des passionnés souhaitant poursuivre la musique.»
Lui-même est violoniste depuis l’âge de cinq ans. Il a étudié en parascolaire au Conservatoire d’études musicales de Boucherville. Professionnellement, il est programmeur et complète actuellement son processus d’admission à l’Ordre des ingénieurs.
Un chef d’orchestre très jeune
À la tête de l’ensemble se trouve le Longueuillois Zachary Robert, un chef d’orchestre de 23 ans.
«Ironiquement, il est plus jeune que l’âge minimal fixé pour les musiciens qui est de 25 ans, mais malgré son jeune âge, il est très professionnel et très compétent. On est chanceux de l’avoir», souligne M. Massicotte.

Le chef d’orchestre Zachary Robert
Zachary Robert poursuit ses études en direction d’orchestre au Conservatoire de musique de Montréal en plus d’étudier la composition instrumentale. Il a également été formé auprès de plusieurs chefs reconnus, dont Andrei Feher, Simon Rivard et Tania Miller.
Actif sur la scène musicale québécoise, il est régulièrement invité à diriger l’Orchestre symphonique de l’Isle (OSI) et l’Orchestre à vents non-identifié (OVNI). Il a aussi occupé le poste d’assistant-chef à l’Orchestre classique de Montréal (OCM) et au sein de l’Orchestre symphonique du Conservatoire (OSCMM). Son récent poste de directeur artistique et musicale de l’Orchestre Symphonique Carmina lui offre un laboratoire instrumental idéal pour transmettre ses connaissances et sortir un peu, parfois, des sentiers battus des grands orchestres professionnels.
Un premier concert
Pour ce premier concert, l’ensemble proposera un programme romantique ponctué de quelques œuvres du temps des Fêtes. Le public pourra notamment entendre la lumineuse Symphonie no 8 en sol majeur d’Antonín Dvořák.
«Nous tenons à ce que notre programme musical demeure accessible, tant pour nos musiciens que pour notre auditoire.»
Pour les musiciens, «il s’agit de proposer des œuvres qui posent un défi stimulant, tout en demeurant adaptées à la fois aux musiciens de niveau avancé et à ceux de niveau semi-professionnel», précise M. Massicotte.
«Pour le public, nous construisons des programmes pensés pour plaire à un large éventail de personnes, qu’elles soient ou non familières avec la musique classique. »
«C’est notre premier concert. On sait que la famille et les amis seront là, mais on travaille aussi pour attirer un nouveau public.»
La salle peut accueillir 250 personnes. L’équipe espère en attirer au moins la moitié.
Un modèle bénévole… sauf pour le chef
La gestion de l’orchestre repose sur trois personnes entièrement bénévoles, dont deux musiciens et une bénévole bouchervilloise. Seul le chef est rémunéré.
«On veut garder ça accessible pour les musiciens. Les cotisations sont notre principale source de financement», explique Massicotte.
À cela s’ajoutent quelques dons, des commandites en recherche, des revenus modestes de concert. «L’objectif financier est simple. Il faut arriver flush en fin d’année», précise le violoniste.
Pérennité et ambitions réalistes
M. Massicotte assure ainsi que «l’objectif de l’orchestre, un organisme à but non lucratif, est d’atteindre l’équilibre budgétaire en contrôlant rigoureusement les dépenses. Cela nous permet de maintenir au plus bas possible le coût de la cotisation des musiciens ainsi que le prix des billets pour le public.»
«Nous sommes animés par l’espoir que, d’ici 5 à 10 ans, voire plus tôt, les musiciens de la région âgés de plus de 25 ans, qu’ils proviennent ou non d’un orchestre de jeunes, aient hâte d’avoir une place parmi nous. Nous souhaitons également que notre ensemble soit reconnu par le public de la région comme un orchestre certes amateur, même si nous n’aimons pas particulièrement ce terme, mais sérieux et d’un bon calibre.»
OSCAR prévoit offrir trois concerts par année, soit un décembre, un en mars et un dernier en juin.
Le public peut se procurer des billets au www.oscarmina.ca.

