Après plus de dix ans de démarches, le club de gymnastique Les Réflexes de Boucherville se dit tanné d’attendre pour obtenir un local «adapté à ses besoins». Une pétition est lancée pour faire avancer le dossier.

Chaque semaine, plus de 900 jeunes athlètes franchissent les portes du gymnase de l’école secondaire De Mortagne pour pratiquer leur discipline. Mais les installations sont «vétustes, exiguës et inadaptées, et la relocalisation du club, promise depuis plus d’une décennie, n’a toujours pas avancée», déplorent la présidente du conseil d’administration du club, Ann-Julie Tremblay, et la directrice générale, Anick Danis.

En entrevue à La Relève, l’organisme sportif se dit toujours oublié dans les priorités de la Ville de Boucherville.

«Alors que plusieurs disciplines à prédominance masculine bénéficient d’installations modernes (nouvel aréna, terrains synthétiques pour soccer, football, nouveau terrain de baseball), le club, dont 86 % des membres sont des filles, évolue toujours dans des locaux désuets datant de 1974», illustre Mme Tremblay.

Un projet repoussé
«Lors du projet de construction du nouveau centre multisport, le club de gymnastique devait initialement être intégré au projet. Mais la pandémie et la hausse des coûts ont changé la donne», expliquent Mmes Tremblay et Danis.

«On faisait partie du plan original. Puis, avec les dépassements de coûts, la Ville a revu ses plans, est allée à nouveau en appel d’offres, et décidé de nous repousser dans la phase B», ajoute Mme Danis. «Sauf qu’aujourd’hui, la phase B est sur pause», avancent-t-elles.

«En septembre dernier, nous avons rencontré la Ville pour s’informer de l’état du dossier. On nous a dit que tout devait être recommencé, soit la réalisation d’une nouvelle étude, un nouveau budget, un nouveau mandat. Autrement dit, rien n’est prévu avant 2029», résume pour sa part Mme Tremblay

La Ville a prolongé le bail du club avec le Centre de services scolaire jusqu’en 2031, mais selon les dirigeantes, ce n’est pas une solution. «On reconnaît l’effort, mais ça ne règle rien. On a besoin d’un espace adapté, pas d’un bail dans un local désuet», tranche Mme Tremblay.

Concurrence
Actuellement, le club occupe un gymnase de 6 882 pieds carrés à l’école secondaire de Mortagne, soit trois à quatre fois plus petit que les installations des clubs voisins, comme les Dynamix de Varennes.

«Il n’y a pas d’air climatisé, pas de vestiaires, pas de salle de bain dédiée, une seule toilette et des contraintes de hauteur de plafond. L’été dernier, on a dû fermer parce qu’il faisait trop chaud pour accueillir les enfants inscrits à notre camp», déplore Mme Danis.

Le problème d’espace limite les inscriptions. «Chaque année, on doit refuser des enfants de Boucherville, faute de places», ajoute Mme Tremblay.

«Toutes les villes autour, soit Varennes, Chambly, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Hyacinthe, Laval et Montréal, disposent d’infrastructures modernes, spacieuses et sécuritaires. La concurrence régionale est forte», signale Mme Tremblay.

Un sport féminin négligé ?
«À Boucherville, le sport féminin n’est pas considéré», argumente Ann-Julie Tremblay. Les Réflexes forment pourtant des gymnastes qui représentent fièrement la ville sur la scène provinciale et nationale», affirme-t-elle.

Les dirigeantes constatent aussi que leur projet n’apparaît pas dans la plateforme électorale du maire Martel.

«Ça veut dire qu’on ne fait tout simplement pas partie de leurs priorités», pense la présidente.

Depuis plus de dix ans, la direction du club dit multiplier les rencontres et les propositions pour trouver un nouveau local, sans succès.

La Ville aurait même demandé au club de «trouver deux ou trois propositions de locaux dans le parc industriel, mais sans engagement préalable de sa part», précise Mme Tremblay.

«C’est énormément d’heures de travail que de rencontrer des propriétaires, établir des budgets, négocier, et tout ça sans garantie. Et pendant que la Ville prend six mois pour étudier nos propositions, les locaux qu’on identifie se louent entre-temps», explique Mme Danis qui précise que le club espère un engagement formel de la Ville à soutenir financièrement le projet si un local correspondant à certains critères est trouvé.

Une pétition pour faire bouger
Le club a récemment lancé une pétition réclamant un nouvel espace multifonctionnel répondant aux normes professionnelles du sport de haut niveau. À ce jour, plus de 1 040 signatures ont été récoltées. L’objectif est d’atteindre 1 500 noms avant de la déposer à la Ville, possiblement à la mi-novembre.

«On veut montrer que les citoyens de Boucherville nous appuient. Ce n’est pas une pétition signée par des gens de Chicoutimi, ce sont des parents et de grands-parents de nos gymnastes», insiste Mme Tremblay.

Le Club Les Réflexes existe depuis plus de 50 ans. Il est le deuxième plus grand organisme sportif à Boucherville, après le club de soccer.

La Ville prête, mais prudente

À la suite de la pétition lancée par Les Réflexes pour réclamer un local plus adapté, la Ville de Boucherville se dit prête à appuyer le club.

Le directeur général, Roger Maisonneuve, précise toutefois que la municipalité veut d’abord savoir à quel niveau d’engagement financier le club souhaite qu’elle intervienne.

M. Maisonneuve a aussi indiqué que le maire Jean Martel s’est engagé à rencontrer les Réflexes après les élections afin de mieux cerner leurs besoins.

Il rejette par ailleurs l’idée que le sport féminin soit négligé à Boucherville, soulignant les nombreux appuis aux équipes locales féminines, comme la ringuette et le patinage artistique.

Il admet toutefois que le local actuel ne répond plus entièrement aux besoins du club.

«Je conviens que le local est petit, qu’il n’est peut-être pas tout à fait adéquat, mais ils ne sont pas dans la rue, ils sont quand un toit», résume le directeur général.